Tête-à-tête entre mères ambitieuses, équilibrées… et heureuses!
«Les femmes ambitieuses se considèrent plus heureuses que la moyenne. Elles n’ont pas l’impression de travailler plus d’heures ou d’avoir un mode de vie moins équilibré que les autres.» — Sondage L’effet A-Léger, 2016
Si on devait mettre un visage sur cette citation-choc, ce serait sans doute celui de Mélanie Lavoie (à gauche). Directrice principale, attraction et acquisition des talents à la Banque Nationale, participante du Défi 100 jours L’effet A et mère de quatre enfants, elle place l’équilibre au cœur de sa vie.
L’équipe de L’effet A m’a mandatée pour la rencontrer et explorer avec elle un sujet tabou dans certains milieux de travail : aimer son rôle de mère autant que sa carrière.
Récit d’un blind date professionnel où le mot «ambition» a été prononcé plus souvent que «conciliation» !
PAREILLES, PAS PAREILLES
Mélanie a quatre enfants âgés de 6 à 18 ans, alors que je suis mère de deux fillettes. Elle dirige une équipe de 45 personnes à la Banque Nationale et évolue dans de grandes organisations, alors que moi, je suis ma propre boss, cumulant les contrats dans le monde changeant des médias.
Nos vies bien remplies sont très différentes, mais nous avons toutes deux le même mantra : trouver le modèle qui fonctionne pour nous en nous souciant peu du regard des autres.
Alors que je lui raconte que j’ai choisi l’écriture afin d’avoir plus de flexibilité et d’être présente auprès de ma famille, elle me confie qu’elle soupe avec ses enfants tous les soirs : «C’est un moment sacré pour moi ! Je pars du bureau assez tôt pour attraper mon train.» Surprise, je lui demande si elle continue de travailler de la maison le soir. «Un soir par semaine tout au plus ! Le fait de m’arrêter pour retourner chez moi m’oblige à prendre une pause. Ce recul me permet de relativiser les “urgences”…»
Avec le temps, Mélanie est devenue une pro du lâcher-prise : l’un des secrets de son équilibre ! «J’ai appris que je n’étais pas indispensable. Le sort du monde ne repose pas entièrement sur moi. S’entourer de personnes compétentes et apprendre à déléguer : ça aide à atteindre ses objectifs, quels qu’ils soient», explique-t-elle.
LA FAMILLE, UN FREIN ?
J’ai déjà senti qu’avoir des enfants me «ralentissait», mais je n’ai jamais cru que mes filles m’empêcheraient de me réaliser professionnellement. Mélanie partage mon avis. Et, comme l’ont statué les femmes ambitieuses sondées dans le cadre du Sondage L’effet A-Léger sur l’ambition et les Québécoises, elle ne croit pas que la famille est l’un des premiers obstacles à l’avancement des femmes.
Tout comme moi, Mélanie pense que pour changer les perceptions (celles des hommes, entre autres, qui classent la famille en première position des obstacles à l’ambition des femmes), il faudrait commencer par cesser de glorifier le nombre d’heures travaillées. «Aujourd’hui, travailler de longues journées est considéré normal, voire encouragé dans certains milieux», constate-t-elle. Une glorification qui agace drôlement Mélanie. «Ce mode de vie, il ne m’inspire pas. J’adore ma vie professionnelle, mais j’ai aussi envie d’avoir du temps de qualité avec ma famille !»
C’est pourquoi, dans le cadre de ses fonctions, elle tente d’instaurer de nouvelles pratiques qui font éclater le modèle rigide du traditionnel 9 à 5 et qui sont davantage axées sur les livrables.
LA CONFIANCE EN SOI POUR ASSUMER SES CHOIX
Avec sa force tranquille, Mélanie me fait réaliser que la confiance en soi est un must pour gravir les échelons, mais également pour respecter ses
limites et se sentir confortable dans ses choix de vie personnelle et professionnelle. «Prends l’exemple du souper de famille. J’ai négocié cet horaire et j’ai un patron très compréhensif qui sait que je vais livrer», explique-t-elle. «Mais s’il n’y avait pas eu d’ouverture, j’aurais dit : c’est dommage, mais ça ne fonctionnera pas. Vous devrez vous priver de ce que je peux vous apporter !» lance-t-elle avec assurance.
Cet aplomb, Mélanie l’a gagné avec les années. Si elle a toujours su s’écouter, elle ne s’est vraiment assumée qu’après avoir vécu une expérience professionnelle difficile. «Quand j’ai pris la décision de quitter cet emploi, qui ne comblait pas mes besoins, j’ai compris l’importance de s’affirmer afin de négocier des ententes où tout le monde est gagnant», me confie-t-elle.
PAS QU’UNE AFFAIRE DE FEMMES
Quand je lui raconte que je suis tannée qu’on dise aux femmes que la réussite de leur conciliation travail-famille ne tient qu’à leur capacité à s’organiser (et à faire de la mijoteuse leur meilleure amie), Mélanie acquiesce. Mais pour changer cela, le monde du travail doit s’ouvrir aux femmes et à leur réalité — une réalité qui devient de plus en plus celle des pères, par ailleurs.
Pour encourager le changement, Mélanie, qui faisait partie de la troisième cohorte du Défi 100 jours L’effet A, s’est donné comme défi d’installer plus de femmes dans des postes d’influence. «Je trouve important de démontrer que ce n’est pas qu’un seul type de femme avec un seul mode de vie qui peut avoir du succès», lance Mélanie. «Il faut diversifier les modèles de leadership afin de pouvoir s’identifier à ceux qui nous rejoignent.»
En osant s’afficher comme une mère épanouie, prônant l’équilibre autant que l’ambition, Mélanie Lavoie participe à cette diversification essentielle. «Je ne prétends pas avoir trouvé la recette, mais ça fonctionne pour moi», me précise-t-elle.
Enrichissant, cette rencontre. Je vais laisser mijoter ça…
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