Ressentez-vous la « fatigue de genre » ?

Ressentez-vous la « fatigue de genre » ?

« S’ils l’embauchent, elle, c’est probablement pour remplir leur quota. ». Ou encore : « On devrait plutôt se concentrer sur le réchauffement climatique, non ? » Vous avez sans doute déjà entendu – voire pensé – ces phrases. Elles vous choqueront plus ou moins selon votre degré de « fatigue de genre ». Un phénomène qui gagne du terrain et qu’à L’effet A, nous observons d’un œil à la fois fasciné et interloqué.

Décryptage des symptômes de cette baisse de tonus qui n’épargne personne… et quelques solutions pour retrouver l’énergie.

Qu’est-ce que la « fatigue de genre »?

C’est une lassitude, une frustration, voire une exaspération grandissante dans les entreprises, et plus largement, dans notre société, face aux initiatives pour combler les inégalités femmes-hommes. Ce phénomène porte préjudice aux femmes, et notamment, à leur droit d’élever la voix lorsqu’elles subissent des discriminations.

Symptôme n°1 : « On devrait plutôt se concentrer sur d’autres sujets plus importants, non ? »

Pour les « fatigué·es », d’autres problèmes mériteraient d’être traités en priorité : crise environnementale, conflits mondiaux, etc. Beaucoup seraient pourtant surpris d’apprendre à quel point la réduction des inégalités femmes-hommes peut avoir un impact, notamment sur la performance des entreprises et l’économie d’une nation. Comme le souligne l’Institut Montaigne, « La parité n’est pas qu’une affaire de justice ou d’éthique : c’est un levier de performance économique et de transformation durable des entreprises. ». Transformer les entreprises, c’est aussi contribuer indirectement à résoudre des enjeux majeurs.

Symptôme n°2 : « Moi, je vois quand même beaucoup de femmes devenir directrices ces derniers temps… »

Les inégalités entre hommes et femmes seraient de l’histoire ancienne après toutes ces décennies d’actions. Alors oui, il y a du progrès. Mais même si l’égalité progresse lentement, l’action reste plus que jamais nécessaire et il est important de se reconnecter aux faits. Selon l’Observatoire des inégalités, il faudrait encore 30 ans pour réduire l’écart salarial entre hommes et femmes. Le vécu des femmes confirme également un ressenti bien loin d’un monde idéal : 94 % des femmes de 15 à 24 ans estiment qu’il est plus difficile d’être une femme aujourd’hui – une hausse de 14 points depuis 2023. Des constats criants sur la nécessité de ne rien lâcher.

Symptôme n°3 : « S’ils l’embauchent, elle, c’est probablement pour remplir leur quota. »

Un agacement qui se fait particulièrement sentir chez certains hommes, persuadés d’être désormais désavantagés par les actions en matière d’égalité. Pourtant, ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie beaucoup plus large qui vise à rétablir un équilibre. La clé ici, c’est de définir de vrais objectifs, d’ajuster en cours de route et de rendre visibles les bénéfices pour l’entreprise. Comme le précise Isabelle Marquis, Cofondatrice et directrice générale de L’effet A : « nous avons besoin d’une vision claire, et d’objectifs mesurables. Sans cela, la parité demeure une noble cause, mais sans horizon tangible. ».

Symptôme n°4 : « S’ils m’embauchent MOI, c’est sûrement pour remplir leur quota. »

La gender fatigue touche aussi les femmes. Beaucoup finissent par intérioriser l’idée que leur succès n’est pas dû à leur ambition, mais aux coups de pouce liés aux initiatives d’égalité. Le danger ? Plus elles doutent de leur légitimité, plus elles redoublent d’effort pour passer outre et hésitent à dénoncer les discriminations qu’elles subissent, de peur de « faire des vagues ». Or, les initiatives qui soutiennent leur développement ne remplacent pas leur talent : elles l’amplifient, le nourrissent, et le rendent visible pour contrer les inégalités systémiques qui les freinent.

Les remèdes pour renverser la tendance

Selon Isabelle Marquis, « malgré cette lassitude ou les reculs perçus, il ne faut pas lâcher. Il faut persévérer car l’enjeu est trop important. ». Voici quatre conseils à appliquer pour renverser la situation et retrouver l’énergie nécessaire dans ce projet d’envergure :

  1. Redonner du sens : expliquer constamment le pourquoi des actions, leurs origines, admettre leur lenteur, et se rappeler que le changement dérange toujours.
  2. Fonctionner comme un projet : définir une vision claire, des étapes, des échéances et des résultats mesurables pour rendre les progrès tangibles et éviter le sentiment d’un chantier sans fin.
  3. Élargir les parties prenantes : la parité est un projet de société qui doit impliquer non seulement les femmes et les hommes, mais aussi les écoles, entreprises, gouvernements et leaders de tous horizons.
  4. Reconnaître les avancées et les limites : les chiffres et les mentalités évoluent, l’entraide se renforce, mais la « fatigue de genre » révèle que le message doit parfois être porté autrement : moins dans la dénonciation, plus dans l’explication et la mise en valeur des réussites.

Alors, plutôt que de laisser filer une remarque ou une pensée fatiguée, pourquoi ne pas intervenir : « Oulah, tu n’aurais pas un petit coup de gender fatigue, toi ? ». À vous ensuite de prescrire la capsule de vitamine qui redonne de l’énergie.

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L'effet A

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