Faire front commun pour la diversité
Deux parcours différents, mais une mission commune : en fondant Artemia Executive, Sigolène Chavane et Églantine Jamet ont fait de la diversité au travail leur cheval de bataille. Les leaders de L’effet A en Suisse dénichent des femmes cadres qu’elles proposent ensuite aux entreprises qui peinent à en dégoter. Portrait de deux battantes qui se complètent bien.
Même si leurs enfants fréquentaient la même école, Sigolène et Églantine seraient demeurées des inconnues sans l’intervention d’une amie commune. « Elle nous a présentées parce qu’elle trouvait qu’on avait des discours similaires », explique Églantine. Il n’en fallait pas plus pour que la magie opère.
Les deux acolytes ont d’abord fondé l’association SEM (pour succès, égalité, mixité) en 2013, afin de rendre visibles les inégalités entre hommes et femmes et contester les stéréotypes.
« En travaillant ensemble, en apprenant à se connaître, on a eu envie de faire de plus en plus de choses ensemble. On a aussi pris conscience que comme nos domaines de compétences étaient complémentaires, on pouvait en faire notre travail », se rappelle Églantine.
Une même voix
C’est ainsi qu’Églantine, chercheuse en sciences sociales, et Sigolène, consultante et coach en gestion, ont quitté leurs emplois respectifs pour créer une société spécialisée en questions de genre qui accompagnerait les entreprises vers plus de mixité.
Malgré leurs parcours distincts, leurs démarches s’avèrent semblables.
« Nos expériences et nos connaissances nous rendent parfois plus aiguisées sur une dimension ou un angle d’approche que l’autre, mais on a la même vision. On ne fait aucune concession sur le contenu ou le message que l’on veut porter. On a deux personnalités différentes, mais la même voix », estime Sigolène.
Sa collègue renchérit : « On est très alignées sur le message. Bien sûr que nos expériences colorent d’une manière différente notre approche, mais on se questionne beaucoup l’une l’autre. On remet souvent en question notre façon de faire, nos outils, notre manière de présenter les choses. Ainsi, on s’assure de ne pas se reposer sur nos lauriers. »
Ça ne veut pas dire qu’elles sont toujours d’accord pour autant. Leurs perceptions divergentes se confrontent parfois, mais ça leur permet selon elles d’avancer et d’être plus justes.
« On a un fort noyau commun de valeurs fondamentales, de vision du monde. Il y a des questions qu’on n’a même pas besoin de se poser tant on est sur la même longueur d’onde », résume Sigolène.
Les femmes sont prêtes
De l’horlogerie à l’événementiel, Artemia Executive accompagne et conseille les entreprises en ce qui a trait à la diversité, tout en les assistant pour le recrutement féminin. Les deux chasseuses de têtes constatent que les femmes sont prêtes à répondre à l’appel.
« On pense à tort que certains secteurs, comme l’informatique ou les transports, ne peuvent pas recruter de femmes parce qu’il n’y en a pas. Pourtant, ces femmes existent et on les trouve. De toute façon, que l’on compte beaucoup de femmes ou non dans le bassin de talents, le problème reste le même : elles sont peu en haut de l’échelle. », souligne Églantine.
Les deux partenaires ont mis en place des moyens innovants pour identifier les candidates potentielles. Elles connaissent également sur le terrain et dans les réseaux des femmes qui ne sont pas nécessairement visibles dans les canaux de recherche traditionnels. Elles évaluent ensuite leur profil en s’assurant de passer par-dessus les biais inconscients que représentent notamment une interruption de carrière momentanée ou un parcours atypique.
« Il y a des freins externes, qui sont liés au monde de l’entreprise et à la société, mais il y a aussi des freins intérieurs que les femmes se mettent par manque de confiance ou de connaissance de soi », constate la docteure en sciences sociales.
« Ce qu’il faut éviter, ajoute-t-elle, c’est l’idée que ce sont les femmes qui doivent s’adapter à un monde défini par et pour les hommes. Le système doit d’abord se questionner. Les entreprises doivent devenir plus inclusives, plus flexibles et créer des modèles de leadership plus ouverts. Les femmes ont leur part à faire pour avoir plus confiance en elles, mais ça ne repose pas seulement sur leurs épaules. »
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