Vanessa Taddei : le risque comme carburant

Vanessa Taddei : le risque comme carburant

Pour Vanessa Taddei, vice-présidente senior chez CGI à Montréal, sortir de sa zone de confort n’est pas une philosophie creuse : c’est un véritable mode de vie. Rencontre avec une leader qui sait allier performance, authenticité et plaisir au travail.

Pourquoi avoir quitté la France alors que ta carrière était florissante?

J’aime sortir de ma zone de confort. Je carbure à la dopamine, qui est l’hormone de la motivation et du plaisir au travail, et qui est nourrie par la nouveauté. Il y a des cycles dans sa carrière où on sent un besoin de se renouveler, de se mettre en risque, et c’est ce qui explique mon projet d’immigration. J’avais 39 ans à l’époque où j’ai traversé l’Atlantique pour rejoindre CGI Montréal, avec deux enfants en bas âge, alors c’était une vraie aventure. On peut quand même dire que j’ai sous-estimé à quel point recommencer sa vie ailleurs n’est pas facile!

Il y a un an, tu es devenue vice-présidente senior; qu’est-ce qui t’a poussée à occuper ce poste?

Je ne veux pas être redondante, mais c’était pour sortir de ma zone de confort! (rires) Il faut quand même dire que cette progression s’est effectuée par étapes : j’ai pris en charge le sous-secteur des clients « investissement », puis le compte de la Banque Nationale, notre plus gros client à Montréal. Aujourd’hui, je gère les deux secteurs, avec 300 personnes à ma charge. Ça me stimule énormément, car j’ai l’impression de diriger une PME au sein même de CGI : je touche à la fois aux RH, à la finance, aux opérations, au développement des affaires… Pour les prochaines années, je veux continuer à m’amuser et à apprendre. Ce n’est pas tant l’ascension verticale que je cherche, mais le défi intellectuel, l’apprentissage. Et j’ai besoin de rester connectée au terrain et aux gens.

Quels ont été tes principaux défis à ton entrée en poste?

Je succédais à un homme très expérimenté, très charismatique; ce n’était donc pas simple de s’asseoir dans cette chaise-là en tant que femme et avec la même équipe ! Allô, syndrome de l’imposteur! Au début, je me suis demandé quoi faire pour me sentir légitime, pour bien faire les choses; assez vite, je me suis dit qu’il ne fallait pas que j’essaie d’être quelqu’un d’autre, je devais rester fidèle à mes valeurs et à mon style. J’opère un leadership inclusif, je valorise les personnalités singulières, qui apportent des points de vue différents, qui nous font avancer plus vite et qui nous permettent de nous démarquer.

Tu as participé au Défi 100 jours de L’effet A en 2019; quel rôle ce parcours a-t-il joué dans cette trajectoire?

Il m’a permis de mieux formuler, puis de mieux partager mon ambition. Pas seulement avec ma ligne directe, avec des décideurs, mais aussi avec des parties prenantes que je n’aurais jamais abordées autrement. Et puis, le programme m’a reconnectée avec des outils que je croyais maîtriser – comme l’art du pitch ou la négociation –, mais que j’ai redécouverts sous un autre angle.

Auparavant, je croyais que les postes de haut dirigeant étaient des carcans pour les femmes. En France, au début de ma carrière, je me suis obligée à avoir une posture plus « masculine », ne serait-ce que pour être davantage légitimée dans mes rôles. Je croyais qu’il fallait mettre ma singularité féminine de côté. Pourtant, j’ai besoin d’être moi-même et d’avoir du plaisir à travailler en équipe et dans mon rôle ! À L’effet A, le plaisir était palpable chez toutes les leaders et j’ai trouvé ça très inspirant. Ça m’a profondément marquée. Il y a un effet papillon quand on communique bien son ambition.

« Mon parcours à L’effet A m’a permis de sortir d’une forme de réserve, d’oser davantage. Les plus gros freins à mon évolution, c’était moi qui me les créais. Ce n’est pas un hasard si, un an après, j’étais officiellement promue VP. »

En tant que femme leader dans le secteur technologique, qui comme on le sait est majoritairement masculin, sens-tu une responsabilité particulière?

Oui, c’est crucial pour moi de redonner. J’ai eu la chance d’être guidée et inspirée par de grands modèles qui m’ont permis d’embrasser une ambition audacieuse et assumée. À L’effet A, c’était merveilleux de voir des femmes si épanouies et inspirantes, qui abordent leur réussite avec une telle authenticité. Cela m’a profondément rassurée. C’est pourquoi je souhaite à mon tour accompagner de jeunes talents. Je veux leur transmettre cette même inspiration et leur accorder le droit de rêver grand. Et, de manière plus égoïste, je crois que je reçois autant que je donne, car c’est incroyablement enrichissant d’être au contact des jeunes générations. Leurs expériences m’enseignent autant que ce que je peux leur apporter.

Et pour la suite? Entrevois-tu déjà la prochaine sortie de ta zone de confort?

(rires) Pas encore! Je ne suis en poste que depuis un an, je veux rester proche de mes équipes et continuer à faire ce que j’aime : bâtir, rassembler, faire évoluer les gens – et moi avec eux. Je veux continuer à nourrir mon ambition, ce feu intérieur qui me pousse à grandir et à continuer à apprendre malgré les difficultés…

Photo : Dominique Viau, BODOÜM Photographie

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L'effet A

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