La curiosité, un art qui se maîtrise
Qui a vraiment le temps de faire preuve de curiosité dans un monde où il y a toujours un incendie du quotidien à éteindre? On termine à peine de lire un rapport qu’il existe déjà une version plus récente. Une technologie disruptive fait son apparition et il faut être capable de l’expliquer à la prochaine rencontre d’équipe. Tout évolue si rapidement, nous obligeant constamment à se mettre à jour. Soyons réalistes ; la curiosité est parfois un luxe.
Et le monde dans lequel nous vivons n’est pas près de ralentir. L’information abonde et les changements sont de plus en plus brutaux. Nous ne vivons plus de simples transitions entre les époques, mais plutôt une série de chocs successifs, nous disait habilement Sophie Brochu, ex P. -D.G. d’Hydro-Québec. On pourrait croire que la technologie et, récemment, l’intelligence artificielle, nous épauleraient dans notre accès à un savoir simplifié. Mais il faut se l’avouer : le sentiment de noyade dans un océan d’informations contradictoires, biaisées ou simplement fausses l’emporte bien souvent.
Pour les leaders de L’effet A, la curiosité est souvent positionnée au haut de la liste des qualités d’un·e bon·ne leader. Elle est essentielle pour donner un sens à cette constellation d’informations, parfois fragmentaires et de les recoller ensemble en un paysage limpide pour les équipes.
Bien utilisée, la curiosité permet d’adopter ce point de vue holistique qui contribue à une meilleure prise de décision. Car pour développer une vision stratégique, il ne suffit pas d’avoir simplement «une vision». Il faut d’abord et avant tout maîtriser la capacité d’avoir une écoute stratégique. Poser de nouvelles questions et créer des ponts entre les idées et les gens. La curiosité sert à saisir les signaux faibles qui seraient si faciles à ignorer.
Il est peut-être là, le plus grand paradoxe de la curiosité ; on la valorise comme qualité essentielle du leadership, mais elle ne répond à aucune logique d’efficience. Soulever de bonnes questions, s’informer, creuser sous la surface de ce qui est convenu ; exercer le muscle de la curiosité requiert du temps et demande de faire des incursions dans des zones parfois grises, où le «retour sur investissement» n’est pas toujours démontrable.
Pourtant, les retombées de la curiosité sont bien documentées : elle contribue à l’innovation en entreprise, au développement de la capacité d’apprentissage et à la capacité à tisser des liens humains plus profonds. La curiosité est payante et elle s’apprend. Il existe d’ailleurs plusieurs techniques pour l’intégrer petit à petit dans nos habitudes. Sélectionner soigneusement ses sources, s’intéresser aux autres domaines et industries que les nôtres, poser des questions – mêmes candides – à ses pairs et collègues, sont des comportements à mettre en pratique au quotidien. Des notions qui seront explorées dans le cadre du Défi Leadership qui débute à l’automne.
Pour les femmes, cette maîtrise de la curiosité est d’autant plus importante. Intégrer ce comportement dans leurs habitudes de leader leur permettrait de renforcer leur capacité d’influence à la table des décisions. Une étude révèle en effet que bien que 33 % des sièges dans les conseils d’administration du S&P 500 soient occupés par des femmes, seulement 65 % d’entre elles estiment y exercer une influence significative.
Nous aussi, nous sommes curieux de vous entendre. Si vous alliez au bout de votre curiosité, quels genres de discussions auriez-vous dans votre organisation? Quelles opportunités nouvelles se présenteraient à vous?
Bon été!