Édito – Les femmes redéfinissent le réseautage. Et c’est beau à voir.
Depuis le lancement de L’effet A, il y a six ans déjà, nous avons assisté à une petite révolution dans le vocabulaire des femmes. Petit à petit, on les a vues s’approprier des qualificatifs forts, audacieux, voire dérangeants. Ambitieuse est l’un de ces mots. Féministe, en est un autre. Désormais, elles sont nombreuses à les porter fièrement, sans tabou.
Ce que nous constatons, c’est que les femmes commencent à se percevoir autrement. De plus en plus, elles revendiquent avec confiance leur place, leur succès et leurs aspirations.
On a d’ailleurs observé le même phénomène avec un verbe lourdement connoté : réseauter.
Après des années
à tenter de percer les boys club à coup de parties de golf,
à rater les 5 à 7 à cause des responsabilités familiales,
à ramasser tout son courage pour faire du small talk dans une salle bondée,
à se battre contre les stéréotypes et les biais de genre lorsqu’elles osent connecter les gens entre eux,
à lire un nombre incalculable d’études qui démontrent que les réseaux de femmes ne sont pas aussi performants que ceux des hommes,
à essayer d’être plus vendeuse, plus concise, moins nerveuse et/ou émotive,
après des années
à se heurter aux mêmes obstacles,
à se faire dire qu’il n’en tenait qu’à elles d’améliorer leur sort,
et bien c’est ce qu’elles ont fait.
Parce que réseauter ainsi ne résonnait pas avec elles, les femmes ont choisi de le faire autrement. Car personne n’a remis en question l’importance de disposer d’un réseau comme tel. S’il y a une chose que les femmes ont comprise depuis longtemps, c’est qu’ensemble, on va plus loin.
Encore une fois, la transformation s’est d’abord manifestée dans le vocabulaire. On a remplacé le mot «réseau» par «écosystème», «communauté» et même «tribe», des termes évoquant l’équilibre, la nature et le partage. Ces synonymes ont permis aux femmes de s’éloigner de ce qui les rebutait dans le réseautage – l’aspect transactionnel, superficiel, carriériste – pour le voir, et surtout, l’expérimenter sous un nouveau jour ; celui de la bienveillance et de la solidarité.
Ces réseaux nouveau genre, qui se situent entre «le cheerleading, le coaching de carrière et le club social», tiennent compte des réalités complexes des femmes qui les composent. Parler affaires, oui, mais en tenant compte des humaines derrière. Par exemple, lors de l’atelier réseautage du plus récent Défi 100 jours, la leader Angélique Gérard mentionne sa «meute», un cercle d’alliées qui se soutiennent, tant par des conseils sur la gestion du quotidien que des opportunités professionnelles. Pour elle, il faut faire rimer réseauter avec sororité. Ça résonne chez vous aussi?
Ce dont les femmes ont besoin, ce n’est pas une carte de membre, mais de véritables moments d’échange et d’authenticité, des espaces pour être soi-même et se propulser – individuellement et collectivement. Avec ce sentiment d’appartenance et d’empowerment en poche, réseauter n’est plus le verbe tant redouté. C’est un moyen de plus à sa portée pour se réaliser.
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