Changeons nos perspectives: l’appel de Sophie Brochu
«Les femmes représentent la moitié de l’humanité, en capacité et en intelligence. Nous ne sommes pas un segment de niche», a déclaré Sophie Brochu, l’ancienne PDG d’Hydro-Québec, lors d’un récent événement organisé par L’effet A.
Plus d’une centaine de femmes et d’hommes de divers secteurs à travers le Québec ont répondu présents à l’appel pour échanger sur le rôle des gestionnaires dans leurs organisations. Sophie Brochu leur a donné matière à réfléchir, en particulier sur comment encourager les femmes à poursuivre leur ascension vers des postes plus stratégiques.
Selon Sophie Brochu, le problème réside dans les façons de penser, en particulier pendant la deuxième partie de la carrière d’une femme. À ce stade, elle occupera un rôle de gestion, mais se retrouvera coincée à un niveau intermédiaire. Le mode de pensée de la plupart des femmes tend alors à être tactique – elles veulent prouver qu’elles méritent d’être là et se concentrent uniquement sur l’objectif d’exceller dans leur rôle actuel.
Au même moment, la perspective des hommes tend à être plus stratégique, envisageant cette situation comme un tremplin vers la suivante. Les hommes s’investissent également dans leur rôle, mais cultivent leur curiosité face à ce qui se passe dans l’entreprise.
Et comme l’explique Sophie Brochu; lorsque les dirigeant-es évaluent les candidat-es pour des positions plus stratégiques, «ce n’est pas l’expertise qui est recherchée, mais la curiosité. Ainsi, il s’agit du «frein» inconscient de la femme versus le biais inconscient de l’organisation».
En résumé, les organisations doivent faire l’effort d’exposer leurs femmes gestionnaires à des projets transversaux qui n’ont rien à voir avec leur expertise, mais tout à voir avec leur développement en tant que futures dirigeantes.
Comment sortir de cette impasse?
Comme l’explique Martine Rhéaume, directrice des programmes à L’effet A, «Le problème ne vient pas des femmes, mais du système. Nous devons repenser les environnements de travail en faveur des femmes et encourager les conversations à la fois au bureau et à la maison.»
Sa solution pour encourager les conversations? Créer des espaces sécuritaires, où les équipes et les leaders peuvent faire évoluer leur façon de penser et tester de nouvelles façons de travailler. «Un bon leader peut créer et maintenir ces espaces», soutient Sophie Brochu. «C’est quelque chose que les femmes font plus intuitivement que les hommes.»
Les organisations ont tout intérêt à offrir de nouvelles opportunités à leurs femmes gestionnaires. Objectif: qu’elles ne soient pas perçues comme des expertes dans leur domaine mais plutôt comme des leaders en devenir.
Sophie Brochu nous laisse avec cette conclusion: «En tant que société, nous devons adopter une approche plus complète et holistique afin d’affronter les défis auxquels les entreprises continueront de faire face. La première étape, c’est de réaliser que nous gérons des êtres humains et pas seulement des résultats.»