Édito – Retourner au bureau… ou retourner en arrière?
La vaccination va bon train et les plans de déconfinement sont enfin sur la table : le retour à une vie quasi normale est imminent! Si la plupart d’entre nous ne se feront pas prier pour recevoir parents et amis, et pour voyager au-delà des limites du quartier, qu’en est-il du retour au bureau?
Après plus d’un an en mode télétravail, l’idée de se lancer à nouveau dans la course folle (métro-boulot-dodo!) paraît aussi agréable qu’un test de dépistage pour la Covid-19.
Selon une étude américaine, plus le temps passe, moins les femmes ont envie de renouer avec le présentiel. On note qu’une proportion égale d’hommes et de femmes (24 %) préconise une formule hybride entre le bureau et la maison pour l’après-pandémie. Toutefois, les hommes ont l’intention de se rendre au boulot de 3 à 4 jours par semaine, alors que les femmes le feraient seulement de 2 à 3 jours par semaine.
Notez le décalage selon le genre.
Puis imaginez à quoi pourraient ressembler nos milieux professionnels si ce scénario devenait réalité…
D’après l’économiste Nicholas Bloom, professeur à l’université de Stanford, l’écart déjà présent entre les hommes et les femmes pourrait se creuser davantage avec les années. Pourquoi? Parce que les personnes les plus souvent présentes sur les lieux de travail seront favorisées pour des promotions — entre autres, parce qu’elles sont «vues» par leur gestionnaire et qu’elles exercent une plus grande influence. Rien à voir avec la performance ; c’est une question de perception. Bien que les travailleurs à distance soient généralement plus performants que les autres, 64 % des dirigeants croient le contraire et sont susceptibles de donner de plus généreuses augmentations aux personnes qu’ils côtoient au bureau. Un biais qui affectera la carrière et les finances des femmes, et encore plus celles des mères.
Au début de 2021, lors de la webconférence L’effet A Du doute au courage: comment gérer sa carrière en ces temps incertains, Isabelle Hudon avait nommé la responsabilité des leaders à cet égard : «Les dirigeants et dirigeantes devront être extrêmement sensibles à ce biais inconscient pour ne pas laisser ces inégalités se creuser.»
Sophie Brochu avait pour sa part interpellé les femmes pour qu’elles réinvestissent le lieu d’influence qu’est le bureau : «Il ne faut pas tomber dans le piège de s’auto-exclure de notre propre futur.»
Voyez-vous le drapeau rouge que l’on agite?
Au sortir de cette crise, le monde du travail aura changé. On ressent plus que jamais le besoin des femmes — et de bien des hommes! — de préserver une flexibilité et une autonomie maintenant acquise. Toutefois, il ne faudrait pas que les avantages (réels!) du télétravail se retournent contre nous… et nous fassent collectivement retourner en arrière. Déconfinons, mais déconfinons égal!
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