Édito – Voyage vers le futur

Édito – Voyage vers le futur

Alors que le leadership s’effrite depuis bien avant la pandémie, il est plus important que jamais d’accélérer la marche vers l’équité.

Pour y parvenir, on doit être en mesure d’imaginer ce milieu de travail qui avantage tout le monde. Quels sont les piliers du leadership dans un univers où la parité entre les genres et la diversité des genres sont atteintes? Comment les entreprises, les communautés et les relations seraient-elles transformées par la parité entre les genres?

Pourquoi ne pas dans le temps vers l’avant et voir à quoi il ressemble?

 

Efficacité du leadership, satisfaction du personnel

Comme l’a souligné Jeffrey Pfeffer, professeur à l’École d’études supérieures en commerce de l’Université Stanford, malgré les dizaines de milliards de dollars investis dans des guides, des ateliers, des conférences et des séances de formation, les organisations sont remplies d’employé·es désengagé·es et insatisfait·es qui n’ont pas confiance en leurs dirigeant·es.

Pourquoi? Nos dirigeant·es organisationnel·les actuel·les viennent d’une culture qui favorise les caractéristiques «masculines», ce que Tomas Chamorro-Premuzic résume comme la valorisation de l’assurance, du charisme et du narcissisme au détriment de la compétence, de l’humilité et de l’intégrité.

Pourtant, ce système qui priorise le rendement individuel par rapport au bien collectif a entraîné plus d’épuisement, d’anxiété, d’ennui et de pertes de productivité que de rendement d’équipe ou d’organisation. C’est un jeu à somme nulle qui nuit aux perspectives de carrière de tout le monde, peu importe le genre!

Beaucoup plus que leurs homologues masculins, les femmes dirigeantes doivent être chaleureuses et agréables (ce que la société attend habituellement des femmes), de même que compétentes et sévères (ce que la société attend habituellement des hommes et des leaders). Imaginez la complexité des professionnel·le·s non binaires face à cette contradiction!

Les recherches démontrent que les hommes subissent aussi des contrecoups lorsqu’ils font preuve de vulnérabilité, de bienveillance, d’empathie et modestie, qu’ils expriment leur tristesse et qu’ils se proclament féministes. En France, par exemple, malgré l’élargissement des politiques sur les congés de paternité, un nouveau père qui profite de ce congé est perçu comme manquant d’ambition. C’est aussi mal perçu pour les hommes cadres de quitter le bureau avant 18 h 30.

Dans un monde où règne l’équité entre les genres et la diversité des genres, l’épuisement, la déconnexion et le roulement céderaient la place à la prospérité, à la mobilisation et à la rentabilité. Le calibrage des genres qui nous isole serait chose du passé. Toutes les personnes occupant des postes de direction seraient encouragées à développer leur empathie, leur vulnérabilité, leur bienveillance et leur modestie.

Plus de collaboration, de transparence et d’innovation

Le milieu de travail est en constante évolution, mais le bassin de talents aura besoin d’un grand virage. À l’aube d’un milieu de travail plus diversifié et dominé par les Millénariaux et les Z, les organisations à but lucratif axées sur le quoi et la productivité devront devenir des organisations à but particulier axées sur le pourquoi et le personnel. En outre, depuis 1981, plus de femmes que d’hommes ont obtenu des diplômes d’études collégiales, faisant ainsi des femmes la majorité des talents d’études collégiales dans le bassin de main-d’œuvre.

Quoi qu’en pensent les cadres actuels, la réalité est que, sans l’équité entre les genres et la diversité des genres, leurs entreprises ne seront pas en mesure de croître, d’innover et de prospérer dans l’avenir.

Pour adopter cette nouvelle approche mondiale, les services des RH doivent comprendre les comportements et les façons de penser de ces nouvelles générations, en particulier la génération Z avec sa diversité sans précédent. Par exemple, une étude récente de Deloitte révèle que 77 % des répondant·e·s de la génération Z affirment évaluer les employeurs potentiels selon leur éthique, leurs pratiques et leurs valeurs sociales. Alors que les Y ont pris d’assaut les entreprises en démarrage, les Z recherchent des occasions d’affaires variées avec la sécurité de la stabilité d’emploi et resteront loyaux à une entreprise qui peut leur offrir ces conditions.

Offrir un horaire rigide de 9 h à 17 h et utiliser un chèque de paie pour faire des demandes illimitées ne passera pas avec ce groupe.

Perfectionnement personnalisé en fonction des objectifs de vie

Qu’auriez-vous accompli si vous aviez demandé de l’aide plus souvent, aviez moins craint l’échec et pris le temps de vous reposer? Par le passé, tant les hommes que les femmes ont évité ces comportements qui leur auraient accolé l’étiquette de perdant·e·s. Cependant, faire cavalier seul et utiliser tous les moyens nécessaires pour obtenir des résultats, c’est ce qui a mené à cette dégradation.

Une plus grande parité et une plus grande diversité en milieu de travail amélioreraient les choses. Par exemple, des dirigeant·e·s plus diversifié·e·s pourraient adopter un modèle de leadership différent qui diverge de la mentalité « toujours prêt, toujours disponible, toujours actif ». Les étoiles montantes pourraient développer des compétences en leadership qui correspondent davantage à leurs valeurs et poursuivre des objectifs qui s’inscrivent dans leur expérience, leurs intérêts et leurs rêves. L’idée du succès ne serait plus imposée, mais ouverte à l’interprétation.

Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises? Selon le rapport de Deloitte intitulé Le concept de l’homme ordinaire, « travailler de plus longues heures mène à de moins bons résultats, qui vont d’une mauvaise communication interpersonnelle et d’un jugement affaibli à une augmentation des coûts d’assurance et à un taux de roulement des employés plus élevé ». Dans un nouveau lieu de travail accueillant et diversifié, il serait possible d’éviter l’épuisement professionnel si souvent associé à la culture organisationnelle actuelle. Sans compter que la satisfaction du personnel favorise la prospérité des entreprises.

L’avenir est prometteur!

Author profile

Adriana Palanca

Autrice

Avec plus de 20 ans en rédaction, Adriana est une autrice basée à Montréal. Ses multiples rôles incluent rédactrice-conceptrice, directrice créative, professeure de création littéraire, coach d'écriture, réalisatrice-animatrice de podcast et blogueuse. Elle travaille présentement sur un recueil de nouvelles, sur un mémoire sur son expérience d'Italo-Canadienne, et sur des poèmes divers qui prendront, un jour, une forme complète.