« Maman, ton travail est dangereux. »
« On doit composer avec l’anxiété sociale généralisée et l’inquiétude de se présenter au boulot lorsque tout le monde est en confinement », lâche Annie Boisclair au bout du fil. Première directrice au service de production des médias chez Radio-Canada, mère de deux enfants et diplômée de L’effet A, elle gère les équipes techniques en régie et les caméramans. Son travail consiste à organiser, mais aussi sécuriser et motiver les équipes qui vont au front, au nom de l’information. Nous lui avons parlé entre deux briefings afin de comprendre comment elle exerce son leadership en ce temps de crise.
Miser sur les forces de chacun et communiquer
« À compter de 13h00, on est sur le qui-vive. » Les yeux rivés sur la télévision, Annie Boisclair sait qu’à partir du moment où le premier ministre Legault ouvrira la bouche, le reste de la journée déboulera : il faudra orchestrer le déploiement des caméramans dans les points de presse, hôpitaux et aéroports. Gérer le stress de tous et chacun, également. La gestionnaire estime que c’est la connaissance fine des femmes et des hommes avec qui elle travaille qui lui permet d’accélérer la rapidité d’exécution : « Je m’assure de mettre à profit le meilleur de chacun en misant sur ses forces. »
L’important, c’est de prendre des décisions le plus éclairées possibles et surtout d’expliquer pourquoi on les prend.
Cette approche est possible car la leader a appris à connaître son équipe et également à cultiver leur confiance à son égard. «À tous les jours, je rencontre les gens et je les amène à parler ouvertement de leurs préoccupations professionnelles et personnelles.» Elle enchaîne : « Je partage à l’équipe où on s’en va et les gens me communiquent ce qu’ils voient sur le terrain. Ça va dans les deux sens. » Pour Annie, cela ne fait pas de doute : la qualité de ses décisions est liée à la qualité de l’information qu’elle recueille auprès des autres.
Mais malgré la volonté de prendre les meilleures décisions possibles, la vitesse à laquelle elles doivent être prises peut occasionner de potentielles erreurs. « L’important, c’est de prendre des décisions le plus éclairées possibles et surtout d’expliquer pourquoi on les prend », dit l’énergique femme. La perfection n’a plus sa place depuis mars 2020.
Cohérence, vulnérabilité, écoute
En ce moment même, partout dans le monde, de nombreuses organisations réinventent leurs façons de faire en adaptant leurs produits et services pour répondre à la crise. Dans ce contexte volatil et incertain, il est impossible pour les gestionnaires de tout prévoir et d’anticiper. Cela n’empêche pas Annie Boisclair de « faire ses devoirs ». Elle parle de l’importance de mettre à jour ses plans et de les raviser à la lumière des changements incessants. Cela implique aussi de tenir parole et respecter ses engagements. « Ce que je dis et promets aux équipes, je le fais. » Malgré les affectations et les longues heures, Annie s’évertue à offrir aux employés du temps de répit et de récupération.
La conciliation travail-famille fait partie de mes grandes préoccupations. Comme leader, on doit être conscient des besoins de base : se déplacer, se nourrir, le relationnel.
Elle n’hésite donc pas à parler de la réalité qu’elle vit à la maison, en mettant de l’avant les enjeux et préoccupations qu’elle a en tant que mère de deux enfants. L’ouverture et la transparence sont des outils précieux qui lui permettent de réellement connecter avec l’autre et d’entretenir un dialogue basé sur la confiance. Elle dit mettre en pratique un conseil de Sophie Brochu qu’elle applique chaque jour dans le feu de l’action : « Je suis présente pour les autres, physiquement et mentalement. Je me présente chaque matin, entière et à l’écoute. » Au bout du fil, cette phrase sonne comme une vérité pour Annie Boisclair.
Le leadership, expliqué aux enfants
Ses journées sont longues, très longues même, mais lorsqu’elle arrive à la maison, le temps s’arrête. Chaque soir, elle sonde comment la journée de ses enfants de 12 et 14 ans et de son conjoint s’est déroulée.
Ils sont mon équilibre, j’ai besoin de leur folie et de leur joie de vivre pour continuer à faire mon travail.
Annie est la même personne rassurante à la maison. Elle explique à ses enfants son rôle et pourquoi celui-ci est important pour elle, malgré la dangerosité que ses enfants y perçoivent. Elle leur dit : « Maman est au coeur la crise actuelle, elle met en place des procédures de sécurité pour ses employés et elle les suit aussi. » Notre entretien tire à sa fin. Au téléphone, Annie prend une pause.
L’autre soir, ma fille de 12 ans m’a demandé c’est quoi une leader? J’ai réfléchi quelques secondes et je lui ai dit que c’est une chef d’orchestre qui prend des décisions et assume ses erreurs.
Alors qu’elle laisse tomber ces derniers mots, on peut entendre une musique rassurante dans la voix d’Annie Boisclair.
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