Les entreprises sont-elles suffisamment ambitieuses dans leur volonté de créer un contexte idéal pour le déploiement de l’ambition des femmes? En ce 8 mars, laissez-moi prendre position sur ce sujet qui nous est cher et qui a subi un peu d’ombrage, sous l’avalanche des perturbations mondiales que nous avons vécues: l’ambition.

L’ambition résonne-t-elle toujours pour les femmes?

Si l’on se fie au rapport annuel de McKinsey, Women in the Workplace 2023, la réponse serait oui. Étonnamment (et heureusement), elle serait même plus forte qu’avant la pandémie.

Que s’est-il passé? Les organisations ont déployé un environnement de travail plus flexible dont fait partie le télétravail.

Et ce simple ajout dans l’organisation du travail a un impact important. En effet, 80% des femmes (le même pourcentage que l’on retrouve chez les hommes) souhaitent être promues au niveau supérieur contre 70% en 2019. Et fait intéressant, les femmes de couleur sont encore plus ambitieuses que les femmes blanches, le chiffre grimpant à 88% dans ce groupe, selon le rapport annuel faisant état de la progression des femmes dans les organisations.

Bien sûr, le télétravail comporte aussi ses revers. Trop utilisé, l’impact de l’absence physique au travail et le manque d’interactions avec ses collègues ont un effet pervers à ne pas sous-estimer.

Alors si un tel changement a pu mener à cette augmentation de 10% de l’ambition des femmes, ça nous amène à revenir à cette question fondamentale:

Les entreprises sont-elles suffisamment ambitieuses dans leur volonté de créer un contexte idéal pour le déploiement de l’ambition des femmes?

L’ambition soutenue des femmes n’est pas à prendre à la légère ou à observer sous l’angle anecdotique de la carrière individuelle. En créant un écosystème pour que cette ambition puisse se déployer, cela a un impact direct sur la performance économique et la capacité d’innover des organisations. Ne pas la soutenir par des mesures concrètes est une erreur stratégique qui, à terme, peut rendre les entreprises moins résilientes face aux défis et moins attrayantes face aux nouvelles générations de travailleur·ses.

Il est donc important de rappeler le rôle influent que jouent les organisations dans leur capacité à créer un environnement de travail pour que se déploie l’ambition des femmes. La période d’incertitudes que nous traversons – crise climatique, guerres, turbulences économiques – nous force à demeurer vigilants et proactifs. L’histoire l’a démontré à plus d’une reprise. Quand l’incertitude se pointe, on serre les rangs, recentre les objectifs autours des cibles financières (ce qui est tout à fait normal) et relègue en second plan des objectifs plus « sociaux » (ce que nous devons éviter). Nos maigres acquis sur ce sujet, ne peuvent se permettre de reculer ou de faire du sur-place. Les défis globaux auxquels les entreprises sont confrontées nécessitent d’inclure plus que jamais une diversité de talents, d’expériences et de perspectives.

La bonne nouvelle, c’est que les entreprises en sont conscientes et tentent de plus en plus de faire bouger l’aiguille de la parité et celle, plus large, de la diversité sous toutes ses formes. L’autre bonne nouvelle est que, bien que cet enjeu soit complexe, ce ne sont pas tant des investissements massifs que cela nécessite, mais avant tout une volonté de faire bouger les choses au sommet de l’organisation. D’y attacher un plan et d’être collectivement responsable de l’atteinte de cet objectif.