Comment les employeurs peuvent-ils soutenir les femmes ambitieuses?

Les prĂ©jugĂ©s inconscients dans le milieu de travail peuvent nuire aux objectifs de carriĂšre des femmes. Toutefois, les employeurs peuvent prendre des mesures pour aider les femmes Ă fort potentiel Ă sâĂ©panouir et Ă cheminer jusquâaux postes de cadres supĂ©rieurs.
Les femmes ambitieuses ont parfois un chemin ardu Ă parcourir pour atteindre leurs objectifs de carriĂšre.
Les statistiques dĂ©montrent que beaucoup de jeunes femmes au Canada sont ambitieuses. Selon Statistique Canada, les femmes reprĂ©sentent plus de 56% des diplĂŽmĂ©s de niveau postsecondaire au pays. Au Canada, 86% des jeunes femmes â contre 78 % des hommes â aspirent Ă obtenir un baccalaurĂ©at ou un diplĂŽme de niveau plus Ă©levĂ©.
Pourtant, les femmes ne reprĂ©sentent que 30% des cadres supĂ©rieurs dans les entreprises canadiennes. Elles sont au dĂ©part trĂšs ambitieuses, mais elles ne rĂ©alisent pas toujours leurs rĂȘves et leurs projets de leur carriĂšre.
«Les femmes peuvent ĂȘtre propulsĂ©es par leur ambition lorsquâelles ont de solides alliĂ©s dans leur milieu de travail », explique Isabelle Marquis, cocrĂ©atrice, directrice gĂ©nĂ©rale et associĂ©e de Lâeffet A. Malheureusement, au travail, il y a beaucoup de prĂ©jugĂ©s inconscients. Cela crĂ©e des conditions difficiles et câest la raison pour laquelle il nây a pas assez de femmes qui atteignent le sommet.»
En tant quâorganisation visant Ă aider les entreprises Ă atteindre leurs objectifs en matiĂšre dâĂ©quitĂ©, lâĂ©quipe de Lâeffet A sâest engagĂ©e Ă examiner les ambitions des femmes au travail et Ă comprendre ce qui les retient, a dĂ©clarĂ© Mme Marquis. Avec la bonne approche et un soutien adĂ©quat, les entreprises peuvent aider les femmes ambitieuses Ă sâĂ©panouir.
Lutter contre les stéréotypes
Selon un sondage menĂ© en 2022 en partenariat avec le Globe and Mail et RKI Research auprĂšs de prĂšs de 1 700 femmes occupant un emploi, seulement 29 % dâentre elles se disent trĂšs ambitieuses (50 % disent avoir une certaine ambition). Cependant, 92 % dâentre elles ont dit avoir des objectifs de carriĂšre et 79 % ont dit avoir pris des mesures pour les atteindre au cours de la derniĂšre annĂ©e.
Les femmes ne se considĂšrent pas toujours comme ambitieuses parce que, selon un stĂ©rĂ©otype bien ancrĂ©, ce nâest pas un trait de personnalitĂ© souhaitable pour une femme, dit Mme Marquis. Les hommes sont souvent rĂ©compensĂ©s pour avoir confiance en eux et avoir envie de gravir les Ă©chelons dâune entreprise, tandis que les femmes peuvent ĂȘtre Ă©tiquetĂ©es comme Ă©tant insistantes, froides ou autoritaires.Â
ParallĂšlement, les prĂ©jugĂ©s inconscients peuvent empĂȘcher les femmes dâĂȘtre entendues et remarquĂ©es par la haute direction. Les femmes ne sont parfois pas Ă©coutĂ©es lors des rĂ©unions ou choisies pour participer aux grands projets, ou elles se retrouvent Ă faire le travail de bureau â comme organiser les fĂȘtes dâanniversaire ou prendre des notes â des activitĂ©s souvent peu valorisantes aux yeux de leurs collĂšgues et de leurs supĂ©rieurs.
La premiĂšre chose Ă faire pour lutter contre les prĂ©jugĂ©s inconscients est de reconnaĂźtre quâils existent, affirme Mme Marquis. Cela doit commencer par le haut de la hiĂ©rarchie, la haute direction â tout le monde doit en ĂȘtre conscient et disposĂ© Ă faire un changement.
RedĂ©finir ce quâest lâambition
Avoir un salaire Ă©levĂ©, rĂ©aliser leur plein potentiel, ĂȘtre respectĂ©es par leurs collĂšgues, perfectionner leurs compĂ©tences et travailler dans un domaine stimulant sont les principaux objectifs mentionnĂ©s par les femmes lors du sondage.Â
Quâest-ce qui les retient? Les principales raisons mentionnĂ©es sont le manque de confiance en elles, le manque de possibilitĂ©s de carriĂšre et les obligations familiales.
Selon Salwa Salek, directrice de lâĂ©quitĂ©, de la diversitĂ© et de lâinclusion chez Desjardins et dirigeante Ă Lâeffet A, lorsque les femmes revoient leur dĂ©finition de lâambition, du succĂšs et de la satisfaction au travail, elles peuvent se rapprocher de leurs objectifs.
« Pour moi, lâambition signifie ĂȘtre la meilleure version de moi-mĂȘme », dit-elle.Â
Mme Marquis convient que la dĂ©finition de lâambition a Ă©voluĂ© Ă mesure que de plus en plus de femmes tracent leur propre voie. Pour certaines, cela signifie rĂ©duire lâintensitĂ© pendant quelques annĂ©es pour donner la prioritĂ© Ă la famille ou Ă dâautres objectifs, puis repartir de plus belle au moment opportun.Â
De plus, les femmes ont tendance Ă rejeter le modĂšle traditionnel dâavancement, prĂ©fĂ©rant avoir lâexpĂ©rience de diffĂ©rents postes plutĂŽt que se lancer dans lâascension « verticale », dit Mme Marquis.
« Elles sont plus enclines Ă bouger de maniĂšre horizontale, parce quâelles rĂ©alisent que les femmes qui le font ont une meilleure comprĂ©hension de lâensemble de lâentreprise et dĂ©veloppent diffĂ©rents types de compĂ©tences, ce qui peut ĂȘtre extrĂȘmement utile lorsquâelles dĂ©crochent un poste de direction. »Â
Changer la culture dâentreprise
Notre programme, le DĂ©fi 100 jours, sâĂ©tend sur neuf semaines et aborde des sujets tels que la confiance en soi, la prise de risques et le dĂ©veloppement de lâinfluence et du rĂ©seau de chaque personne. Chaque femme participant au programme choisit un dĂ©fi quâelle aimerait relever en 100 jours. Les participantes sont rĂ©parties en petits groupes et se rencontrent rĂ©guliĂšrement pour discuter de sujets pressants, apprendre de leaders chevronnĂ©es et sâentraider pour relever leurs dĂ©fis.Â
Selon les rĂ©sultats du sondage, notre modĂšle fonctionne : les diplĂŽmĂ©es des programmes de Lâeffet A sont plus susceptibles de se dire optimistes quant Ă lâatteinte de leurs objectifs de carriĂšre. Elles sont aussi deux fois plus susceptibles de prendre des risques, comme accepter un emploi sans avoir les exigences Ă©noncĂ©es, dĂ©mĂ©nager dans une nouvelle ville pour un nouveau travail ou faire confiance Ă leur instinct pour prendre une dĂ©cision dâaffaires.Â
En tant que leader, Mme Salek participe Ă la prĂ©sentation de lâatelier sur lâinfluence dans le cadre du DĂ©fi 100 jours, lors duquel elle fait part de ses rĂ©flexions sur lâimportance de lâinfluence lorsquâil sâagit de bĂątir une carriĂšre et de soutenir les autres. « Il est trĂšs intĂ©ressant de constater que nous nâavons pas toujours le mĂȘme point de vue », dit-elle.Â
Selon Mme Salek, pour faire bouger les choses pour les femmes et dâautres groupes sous-reprĂ©sentĂ©s au travail, les entreprises devraient organiser des ateliers sur des sujets tels que les prĂ©jugĂ©s inconscients. Toutefois, elle souligne que cela fonctionne mieux si ces ateliers sâinsĂšrent dans une initiative stratĂ©gique plus vaste.Â
Si une entreprise veut atteindre la paritĂ© hommes-femmes, elle doit en faire un objectif dont les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre mesurĂ©s, puis faire un suivi [rĂ©gulier], affirme Mme Salek.
Câest ce qui se passe chez Desjardins, dit-elle, et les ateliers, qui sâadressent Ă tout le monde, y compris aux cadres et aux gestionnaires, ont fait une diffĂ©rence. Lorsque les entreprises encouragent les femmes Ă encadrer, Ă innover et Ă se faire la porte-parole des autres, les mythes peuvent disparaĂźtre et une solide infrastructure de soutien mutuel peut ĂȘtre instaurĂ©e.Â
« Les femmes ont besoin de rĂ©seaux, construits par elles-mĂȘmes », dit-elle.
Le plus grand bien
Lorsque les entreprises soutiennent les femmes, elles soutiennent leur propre réussite, dit Mme Marquis.
« Il faut sâassurer que les femmes participent parce quâelles ont des informations prĂ©cieuses sur vos clients», dit-elle.Â
Mme Salek fait remarquer quâĂ mesure que de plus en plus dâentreprises investissent dans lâĂ©quitĂ©, la diversitĂ© et lâinclusion et soutiennent activement lâavancement des femmes, elles formeront des leaders efficaces avec des idĂ©es nouvelles.Â
« Les femmes apportent une approche plus collaborative et rassemblent tout le monde afin de trouver la meilleure solution », dit Mme Salek. « Un plus grand nombre de femmes à des postes de direction est bénéfique pour nos entreprises et notre société en général. »