Devenir mentore, une question de savoir-être et d’écoute

Devenir mentore, une question de savoir-être et d’écoute

À quel âge devient-on mentore? Si vous croyiez qu’il faut avoir sa carrière derrière soi et beaucoup de cheveux blancs de sagesse, détrompez-vous! Deux mentores démystifient les qualités pour accomplir ce rôle précieux.

Avoir « pris des claques » professionnelles

S’il n’y a pas d’âge précis pour devenir mentore – on évoque autour du mitan –, il faut du moins être avancée dans sa vie professionnelle. La mentore « a surmonté des épreuves et a pris – pour le dire dans le langage courant – des claques! » lance avec humour Estelle Morin, psychologue et professeure associée en management aux HEC Montréal. « Le savoir-être, ça ne s’apprend pas dans la ouate. »

C’est un peu ce qui est arrivé à Kim Fuller, une entrepreneuse sociale de 46 ans. Très jeune, elle a décidé de tout faire en même temps : mariage, enfants et entreprise. « C’était assez rock n’roll en partant », rigole-t-elle. Ce choix de vie l’a rapidement amenée à conseiller de jeunes femmes qui, comme elle, essayaient de jongler avec la famille et le travail.

Coach d’abord, mentor par la suite ?

Avant la mi-trentaine, une travailleuse devient plus souvent coach que mentore, indique Estelle Morin. Une coach accompagne une recrue pour lui apprendre les connaissances et les compétences utiles à son travail. À défaut d’avoir cumulé diverses expériences qui forment le savoir-être, la coach fait partager son savoir et son savoir-faire. Un bon point de départ vers le mentorat.

Combattre l’inertie

Pas de femmes mentores dans les environs ? Devenez la figure inspirante que vous n’avez pu avoir. C’est ce qui est arrivé à Kim Fuller lorsqu’elle a monté sa boîte de communications en 1999.

« Je n’avais pas de mentor qui était femme, directrice ou qui avait sa propre boîte de communications. Le monde de la publicité, c’était vraiment un boys club. Et encore plus en entrepreneuriat social. Ça n’existait pas le monde qui faisait ce que je faisais », explique la fondatrice et PDG de Phil, une agence de communications pour les organismes à buts non-lucratifs.

Petit à petit, cette entrepreneure à l’instinct d’éducatrice s’est mise à guider « officieusement » d’autres femmes d’affaires en panne de conseils.

Certains organismes offrent aux mentores l’occasion de tâter le terrain dans un environnement structuré. Kim Fuller a adopté cette approche avec Futurpreneur il y a cinq ans afin que le temps qu’elle avait à offrir serve à bon escient.

Kim Fuller, fondatrice et PDG de l’agence Phil

Une transparence payante

Pour bien conseiller ses protégé.es, la mentore doit faire preuve de vulnérabilité, voire d’autodérision. « Oui, on a du vécu, mais on n’a pas toutes les réponses et la vie n’est pas parfaite », rappelle la femme d’affaires.

Quand les choses tournent mal, on peut être envahie par un sentiment de solitude et de doute. Or, ce n’est qu’en partageant ses mauvaises passes avec d’autres qu’on se rend compte de la similarité des histoires. « C’est réconfortant de savoir qu’on n’est pas la seule. »

De son côté, la psychologue Estelle Morin aime bien faire parler ses mentorées des événements qui leur ont donné un sentiment d’espoir, de compétence et d’efficacité. « Elles découvrent qu’elles peuvent aménager les choses autrement. Et souvent, j’apprends d’elles! »

Se redécouvrir

Le mentorat a aussi ses effets « thérapeutiques » pour la conseillère. En revenant sur les événements marquants de notre carrière, on peut se découvrir une résilience nouvelle comme l’a vécu notre entrepreneuse. « J’ai illustré la façon dont je m’en suis sortie. Ça m’a donné confiance en moi, mais aussi à mes mentorées. »

L’exercice peut aussi mettre en lumière certaines faiblesses et nous aider à nous améliorer. « Des fois, je donnais des conseils à haute voix, et je me disais qu’il fallait que je m’écoute », éclate-t-elle de rire. Ça m’a amenée à être plus réaliste et conséquente avec moi-même. […] You gotta walk the talk! »

Générosité

Pour nos deux interviewés, l’écoute et la générosité demeurent la clé du mentorat. Il faut s’attendre à se faire déranger, selon les besoins du mentor et les défis qui se présentent de façon inattendue. « Parce qu’on peut prétendre être un mentor menteur et ne pas être disponible », nuance Estelle Morin.

Comme bonne psychologue qui préfère l’écoute aux conseils, la professeure de management tire son plaisir quand elle voit l’autre s’épanouir et prendre sa place. « Moi, c’est ma paie! Notre véritable influence se fait à travers les autres, plus que les produits eux-mêmes. »

« On a tous quelque chose à offrir, rappelle Kim Fuller. Je ne pense pas que l’âge est le facteur est le plus important, mais l’ouverture à aider son prochain. »

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