Êtes-vous l’actrice de votre propre histoire?
Pour avoir eu à composer avec un retour au travail difficile après son congé de maternité, Bibigi Haile sait à quel point le réseau peut faire toute la différence dans une carrière, en particulier le fait d’avoir un solide réseau féminin. Portrait d’une nouvelle venue inspirante dans l’univers de L’effet A, la toute première coach du Club A, une plateforme de réseautage innovante destinée aux femmes ambitieuses.
Consultante en gestion du changement et développement organisationnel, Bibigi œuvrait dans le domaine des TI et des services financiers. Quelques mois après avoir donné naissance à son fils, en 2015, elle retourne sur le marché du travail et réalise qu’elle n’avait pas anticipé les difficultés qui l’attendaient. «En sept mois à peine, je connaissais beaucoup moins de monde dans le milieu. Et en tant que travailleuse autonome, j’avais peu de marge de manœuvre», se souvient-elle. Bibigi se tourne alors vers les groupes de mamans sur les réseaux sociaux, et y trouve le soutien dont elle a besoin pour remettre le pied à l’étrier.
Puis, la jeune femme entame une réflexion qui la mène, de fil en aiguille, à fonder sa propre firme, The Beauvoir Group, qui se spécialise dans l’accompagnement et le coaching de femmes gestionnaires.
«En tant que consultante, j’avais eu de nombreuses conversations avec des clientes à des postes de direction, et j’ai développé des liens d’amitié et de confiance avec plusieurs d’entre elles. L’idée de faire du coaching de carrière s’est donc présentée tout naturellement», explique-t-elle.
Surmonter des blocages spécifiques
De l’avis de la coach, qui accompagnera les membres du Club A dans leur codéveloppement et qui les aidera à surmonter certains des obstacles auxquels elles sont confrontées, les femmes ont des besoins spécifiques et vivent des enjeux bien précis dans leur carrière. «J’ai constaté que bien souvent, malgré leurs diplômes et leur expérience, les femmes doutent de leurs compétences. Elles manquent de confiance. Des études démontrent d’ailleurs qu’elles ne présentent leur candidature que lorsqu’elles pensent détenir 100% des habiletés demandées pour un poste, alors que les hommes tentent leur chance dès qu’ils estiment en posséder 60%!», dit-elle.
Autre source de blocage qu’elle a eu l’occasion d’observer : au lieu de réfléchir à ce qu’elles ont réellement envie de faire à la prochaine étape de leur carrière, les femmes se demandent plutôt ce qui est dans l’ordre du possible pour elles. Ce faisant, elles se limitent dans leur développement, ce qui finit par générer un sentiment de frustration.
«De plus, en tant que femme, poursuit Bibigi, on éprouve souvent de la difficulté à reconnaître et à nommer ce dans quoi on est vraiment brillante, car on craint que les autres nous trouvent vantardes. Or, pour avancer, il est nécessaire de savoir quelle est notre réelle valeur ajoutée et il faut être capable de le verbaliser.» Autrement dit, il est essentiel de bien se connaître, de mieux comprendre nos forces, nos zones d’ombres, nos envies.
Actrice de sa propre histoire
Dans un tel contexte, Bibigi rappelle l’importance de se réapproprier son histoire, d’être celle qui la raconte et en fait la narration, afin de gagner en confiance et de passer outre les éléments qui nous freinent dans notre élan.
Quand on craint le jugement des autres et qu’on estime ne pas avoir les compétences ou la pertinence nécessaires pour se positionner et progresser dans sa carrière, toute l’énergie que l’on y consacre ne peut pas être mobilisée pour bâtir quelque chose de constructif. Or, nous sommes la personne la mieux placée pour savoir quelles sont nos forces et nos faiblesses.
Un autre avantage à se réapproprier son histoire réside en une plus grande capacité à bien s’entourer. «Quand on se connaît bien, on est mieux placée pour aller chercher de l’aide sur les aspects dans lesquels on se sent moins à l’aise», explique Bibigi. Dès lors, on peut s’entourer des ressources dont on a besoin, et on est plus à même de surmonter les obstacles!
Les atouts du réseautage au féminin
Même si elle est en faveur d’espaces de partage mixtes, qui comportent leur lot de bénéfices, la coach met en lumière les nombreux avantages du réseautage au féminin, comme celui que les membres du Club A ont la chance d’expérimenter. Tout d’abord, parce qu’il permet aux femmes de demander de l’aide, mais aussi d’en donner. «Mais pour tirer le maximum de ces échanges, il faut être en mesure de se percevoir clairement, de connaître sa valeur et de savoir ce que l’on peut proposer aux autres membres du réseau», indique Bibigi.
Autre aspect positif : en réseautant entre femmes, on réalise que l’on n’est pas seule dans sa situation. «Réseauter au féminin a aussi un effet miroir ; on apprend, on s’inspire des autres et on avance avec elles.»
Sans compter l’information à laquelle les femmes ont accès! «Entre nous, on s’échange des informations privilégiées, on se réfère pour des postes ou des contrats, on se soutient mutuellement», soutient la coach. «Cela devient une source d’apprentissages et de croissance infinie!»