Laurence Vincent Lapointe : la résilience malgré les épreuves
Laurence Vincent Lapointe, double médaillée aux Jeux olympiques de Tokyo et 13 fois championne du monde en canoë de vitesse, a connu son lot de déboires malgré ses nombreuses victoires. Résiliente, elle nous raconte comment elle a réussi à traverser la tempête et ce qu’elle a retiré de cette expérience. Un exemple de leadership et de courage qui n’a pas son pareil!
Même si elle fait aujourd’hui partie des meilleures athlètes dans sa discipline, il a fallu deux ans à Laurence Vincent Lapointe pour commencer à maîtriser le canoë de vitesse, puis devenir l’une des toutes premières championnes de ce sport jusqu’alors réservé aux hommes aux jeux Olympiques. «Je suis très grande, et il m’a été difficile de me maintenir en équilibre dans cette embarcation très étroite. Je chavirais sans cesse et je passais plus de temps dans l’eau que dans le canoë!», se remémore-t-elle.
Faisant preuve d’une grande persévérance, elle s’est accrochée à son ambition et à son désir de réussite. Si elle aimait énormément s’entraîner au contact de ses amies, ce qui était une bonne source de motivation, elle avoue qu’il y avait aussi une bonne part d’orgueil dans sa volonté de continuer.
Je refusais d’accepter d’être battue par mon embarcation, je ne voulais pas accepter cette défaite
Sa réflexion fait écho à ce que vivent bien des femmes en entreprise, qui ont parfois le sentiment de ne pas «entrer» dans le moule : on peut cesser de pratiquer un sport, parce qu’on sent que ça ne répond plus à nos objectifs, qu’on n’aime plus ce qu’on fait ou parce qu’on n’arrive plus à se surpasser. «Mais abandonner parce qu’on ne parvient pas à tenir dans le bateau, pas question!», dit-elle.
Lorsqu’elle parvient à surmonter cet obstacle, la jeune athlète progresse rapidement. Parmi les meilleures au niveau canadien, elle se classera et remportera des victoires aux Championnats du monde dès que les épreuves féminines de canoë de vitesse y seront intégrées, en 2010. Les médailles se succèdent, mais tout bascule en 2019 lorsqu’elle est testée positive lors d’un contrôle antidopage. Elle, qui a travaillé si fort pour atteindre ses objectifs, sent le sol se dérober sous ses pieds.
Perdre ses repères
Pour parler de cet épisode sombre, Laurence Vincent Lapointe fait une analogie. «J’avais l’impression d’être une flèche lancée en direction de sa cible et qui, tout à coup, se retrouve dans un trou noir.»
J’avais perdu tous mes repères, je ne savais plus si j’avançais, si je reculais ou si je faisais du sur-place…
Même si elle affirme n’avoir jamais pensé à abandonner, après tant d’efforts et d’années consacrés à se perfectionner, elle confie s’être sentie désemparée. «La seule chose qui m’a permis de tenir le coup pendant cette période, c’est le soutien de mes parents et de mes proches.» Puis elle a eu la chance d’être invitée à une retraite avec d’autres athlètes de haut niveau. Une escapade qui lui a permis de réaliser que les épreuves deviennent parfois de grands moteurs de réussite. «J’ai réalisé que nous étions tous humains. Malgré les problèmes ou les difficultés, ils continuaient à s’entraîner et à faire de leur mieux. Cela a marqué un tournant pour moi, je suis revenue changée», témoigne-t-elle.
Elle décide donc de tenir bon et de faire un petit pas à la fois pour surmonter l’adversité. «Le meilleur truc pour avancer est parfois de faire un pas en avant, peu importe la taille de celui-ci», explique-t-elle.
Se fixer des objectifs à la hauteur de ses propres ambitions
Au terme d’une longue et difficile bataille, elle est finalement blanchie et retourne à la compétition. (Pour la petite histoire : des tests supplémentaires ont démontré que Laurence avait été contaminée par un tiers, en l’occurrence son conjoint de l’époque. Les accusations de dopage ont donc été retirées, et elle a pu reprendre la compétition.) Heureusement pour l’athlète, son retour coïncide avec les débuts olympiques du canoë de vitesse féminin à Tokyo à l’été 2020, où elle se surpasse et remporte l’argent et le bronze.
Quelle leçon a-t-elle tirée de ces mois éprouvants? «Quand je regarde en arrière, je me dis : “wow, je suis tellement plus forte que je ne le pensais!” Mais cela a aussi laissé des traces. C’est très dur de se relever. Cette situation m’a énormément marquée. Je suis plus méfiante qu’avant… Je suis encore plus prudente par rapport à ce que je mange et bois, et à la façon dont j’interagis avec mon environnement», note-t-elle.
Malgré tout, sa force de caractère et son désir de toujours se dépasser l’aident à aller de l’avant. «Je suis extrêmement compétitive, je veux toujours donner le meilleur», soutient-elle. Le secret de Laurence pour persévérer malgré l’adversité? «Il est primordial de me fixer moi-même mes objectifs, car c’est ce qui permet de me motiver vraiment et de me pousser à fond», précise-t-elle. Elle souligne l’importance d’avoir des modèles qui l’inspirent, mais réitère qu’il est essentiel de définir ses propres buts, des objectifs à la hauteur de ses aspirations. Sa prochaine ambition? Obtenir son baccalauréat en physiothérapie pour un jour, elle l’espère, pouvoir travailler avec des athlètes et les aider comme elle a été aidée.
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