6 mythes sur l’ambition féminine
Elle est puissante, intrigante et encore trop méconnue. Elle est portée par des centaines de milliers de femmes assumées, et si elle perturbe parfois le statu quo, c’est pour le mieux! Après tout, l’ambition féminine permet la création d’un monde plus juste, égalitaire, innovant et riche – oui! oui! – à condition, bien sûr, de faire place aux femmes qui souhaitent gravir les échelons.
Mais au fait, qu’est-ce que l’ambition féminine? Largement évoquée, elle demeure teintée d’idées arrêtées qu’il faut impérativement déboulonner. Loin des clichés qu’elle évoque parfois, l’ambition féminine se réinvente et se définit. Voici un aperçu de quelques mythes tenaces. De quoi oxygéner les perceptions négatives au contact de réalités plus nuancées. L’occasion aussi de donner à l’ambition féminine la fraîcheur d’un changement de mentalité…
Mythe 1 : Les femmes sont moins ambitieuses que les hommes
Cette idée désuète vous fait sourire? Les femmes qui se disent ambitieuses ne le sont certainement pas moins que les hommes. Parce que confrontées à des obstacles différents de ceux de leurs confrères, elles le sont différemment.
Fait notable : bien qu’elles soient très ambitieuses, les femmes voient leur désir de se hisser au niveau de la direction s’éroder après seulement deux ans en emploi. Que se passe-t-il? Selon une recherche menée auprès de plus de 1000 hommes et femmes au sein d’entreprises américaines, l’ambition des femmes tend à fondre au contact de nombreux freins. Parmi eux : des stéréotypes (très) masculins de la réussite en entreprise, liée à une mentalité «guerrière» de compétition; des pratiques de reconnaissance, de récompenses peu attrayantes; un moindre soutien de leur superviseur; l’absence de représentation féminine à la haute direction des entreprises; des biais inconscients qui nuisent dès l’embauche; etc.
Mythe 2 : L’ambitieuse mise tout sur sa carrière
Derrière toute femme ambitieuse se cacherait une carriériste dans l’âme, prête à tout pour «monter les échelons». Pas si sûr. Bien qu’il n’y ait rien de mal – au contraire! – à placer sa carrière au centre de ses aspirations, le discours actuel de nombreuses femmes tend plutôt à mettre en lumière une existence alignée sur leurs valeurs et le choix d’une vie à leur image. Résolument subjective et dynamique, l’ambition au féminin prendrait ainsi un virage plus holistique, qui permettrait de conjuguer diverses priorités et convictions.
Autre bonne nouvelle : des études universitaires contredisent cette version tristounette d’une ambition cultivée sur fond d’une vie de sacrifices. Selon une recherche menée à l’Université de Californie-Riverside, les personnes qui se fixent des objectifs ambitieux éprouveraient une plus grande satisfaction par rapport à celles qui se contentent de répondre aux attentes. La principale raison? Des objectifs ayant une valeur intrinsèque, aussi ambitieux soient-ils, susciteraient un sentiment positif d’accomplissement personnel. Qui plus est, une motivation intrinsèque élèverait le niveau de bien-être dans la mesure où ils répondent à trois besoins psychologiques : un besoin de contrôle sur soi (autonomie), un sentiment de maîtrise (compétence) et l’occasion de se relier aux autres (appartenance). Alors, l’ambition féminine, la nouvelle source de bien-être?
Mythe 3 : L’ambition est l’ultime clé de la réussite
Un autre mythe persistant est celui d’une ambition qui ouvre toutes les portes. Certes, l’ambition est un puissant moteur. Toutefois, le mythe ne résiste pas à l’épreuve de la réalité. Dans les faits, l’ambition à elle seule ne suffit pas à surmonter les obstacles à la reconnaissance et à la progression des femmes en milieu de travail. Pour contrer ces freins, les femmes doivent encore – bien plus que les hommes – démontrer leur capacité à prendre des risques, oser s’exprimer malgré les préjugés et s’entourer d’un solide réseau d’allié.e.s. Des chercheures soulignent le rôle clé de la confiance en soi et du sentiment de compétence à la base de l’ambition. «L’estime de soi crée l’ambition : en d’autres mots, adopter la confiance en soi, qui est traditionnellement associée aux hommes, peut remplacer le doute que l’on a face à soi-même […]». Mais plus encore : les femmes ambitieuses, pour résister aux obstacles et progresser, ont besoin de soutien.
Mythe 4 : Pour réussir, l’ambitieuse doit être « one of the boys »
Difficile de se sentir à sa place quand on est minoritaire! De là à croire qu’il faut être «one of the boys» pour réaliser ses ambitions, il y a une marge. À une époque où la norme est de promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion dans les entreprises, l’ambition elle-même revêt de nouveaux habits. Un signe révélateur? La tendance au leadership authentique, empathique et bienveillant insuffle de nouvelles énergies à l’ambition. De quoi résonner chez les personnes davantage tournées vers une mentalité plus collaborative et une vision plus collective au travail. Une tendance à suivre…
Mythe 5 : Carrière ou enfants, il faut choisir!
Ambition et enfants ne vont pas de pair? Cette perception très classique a longtemps façonné les esprits – et elle traverse les époques dans certains pays, comme la Suisse et l’Allemagne, où le cadre sociétal permet difficilement aux femmes de conjuguer carrière et maternité. Mais heureusement, les choses tendent à changer. Les femmes expriment aujourd’hui un autre regard sur la maternité et tournent le projecteur sur des mesures concrètes pour harmoniser leurs rôles, telles que les horaires flexibles, le travail à distance, les congés parentaux partagés, une évaluation basée sur les résultats plutôt que les heures travaillées, etc.
Fait intéressant : dans un sondage réalisé au Québec en 2016 par L’effet A – Léger, seulement 28 % des femmes ambitieuses sondées jugeaient la maternité comme un frein à leur ambition professionnelle. Ironiquement, quand on posait la même question aux hommes, ceux-ci plaçaient, dans une proportion de 61 %, les obligations familiales comme principal frein à l’ambition féminine. Un écart de perception qui en dit long…
Mythe 6 : Ambition rime avec individualisme
La femme ambitieuse, une individualiste assumée qui ne voit pas au-delà de ses propres aspirations? Si le cliché lui colle encore à la peau, il est pourtant de moins en moins d’actualité. Explication : les femmes en début de carrière témoignent de l’importance des figures de transmission, des «Role Models», dans leur parcours professionnel. Il y a le modèle de leur mère, en premier lieu, puis celui des managers ou des mentors (dont des femmes, idéalement!) dans l’accompagnement de carrière. Sans oublier l’importance au quotidien d’un.e partenaire qui partage la même vision qu’elles, et du cercle d’alliées – du réseau de femmes proches et solidaires – dont les femmes ont besoin pour se dépasser. Hériter, collaborer, partager… voilà qui éloigne l’ambitieuse d’une mentalité individualiste!
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