Anne Bioulac : analyse d’un succès en 3 leçons
En 2019, Anne Bioulac avait tout pour elle. Salariée depuis 13 ans du cabinet de conseil Roland Berger, cette mère de trois enfants avait gravi les échelons jusqu’à prendre la tête du bureau de Paris, dirigeant une équipe de près de 300 personnes.
Puis, celle qui s’était promis d’essayer quelque chose de nouveau avant ses 50 ans a fait le choix de la tech en rejoignant une jeune start-up américaine spécialisée en intelligence artificielle. Après 13 ans dans une grande société allemande, elle devenait CEO chez Augustus Intelligence.
Interrogée sur ce changement de carrière significatif, Anne Bioulac — qui est maintenant vice-présidente chez Capgemini — raconte : «J’étais bien installée dans mon poste, mais une petite voix me murmurait : “Si tu restes dans cette zone de confort, tu ne pourras plus bouger!”» C’était le moment ou jamais.
Car pour cette leader du Défi 100 jours, dans la sphère professionnelle comme personnelle, c’est le fait de se mettre en déséquilibre qui crée le mouvement. «Autrement, on demeure bien sagement à sa place.» Et parfois, ce déséquilibre, il faut le provoquer un peu! Elle l’a bien appris.
Nous sommes allés à sa rencontre pour mettre en lumière ce qui a fait sa marque comme gestionnaire.
Analyse d’un succès en 3 leçons
1. Être bonne ne suffit pas
Lorsqu’elle était jeune consultante, Anne Bioulac pensait qu’être première de classe lui suffirait pour réussir sa vie professionnelle. «Eh bien, j’avais tort!», admet-elle aujourd’hui. Elle l’a appris à ses dépens le jour où des collègues ont été promus à sa place, alors qu’elle avait l’impression d’obtenir de meilleurs résultats qu’eux… «Comme j’étais performante, je m’attendais à ce que ce soit assez pour qu’on me remarque. Or, à partir d’un certain niveau, ce ne l’est plus.»
Cet épisode l’a forcée à s’interroger sur son leadership, sur sa façon d’interagir avec les autres, sur son ambition. «J’ai essayé de comprendre pourquoi mes chefs n’avaient pas considéré ma candidature pour ce poste, explique-t-elle. Et à travers ce questionnement, j’ai dû me demander ce que je désirais vraiment. Ce que je voulais, moi.»
Ma carrière avait été jusqu’alors une succession de non-choix. J’étais dans une logique où je croyais que les choses allaient arriver d’elles-mêmes.
Si elle souhaitait qu’on lui octroie de nouvelles responsabilités, sa posture devait évoluer. «Je ne m’exprimais pas assez!» Pour frayer son chemin, elle a dû apprendre à demander. «Tout a changé à partir de ce moment», affirme-t-elle.
2. Un plan de carrière, ça se prépare
«Je remarque que les jeunes femmes dans mes équipes veulent souvent la promotion pour demain matin, raconte Anne Bioulac. Elles ont vite l’impression qu’elles sont prêtes à passer au niveau supérieur.»
Toutefois, un plan de carrière, ça se prépare! «Dès qu’on entre dans un poste, explique la CEO, il faut rêver aux prochaines étapes et les formuler clairement. Autrement, on ne se les raconte qu’à soi-même!» Cela implique souvent de se projeter quelques années en avant. «Si une personne souhaite ardemment partir travailler à l’étranger, par exemple, elle doit se préparer. Si le pays qu’elle convoite n’est pas francophone, elle devra acquérir les connaissances nécessaires, maîtriser la ou les langues qui lui seront utiles, au préalable.»
De la même manière, on ne doit jamais hésiter à demander conseil pour accéder à la prochaine étape. «À partir du jour où j’ai décidé de suivre mon propre cheminement, j’ai obtenu beaucoup d’appui de la part de mes chefs.»
Attention, toutefois, à ne pas être trop rigide, prévient la leader : notre plan changera, se modulera, se précisera en cours de route, et c’est tout à fait normal. «La vie professionnelle n’est pas linéaire. Une carrière, c’est un marathon. Pas un sprint!»
3. Trouver son style de leadership. Et l’assumer!
C’est une anecdote qu’Anne Bioulac raconte souvent. Son cabinet de conseil l’avait envoyée, en compagnie d’autres collègues, suivre une formation en leadership… au fond des bois! Le principe était simple : on te «balance» en forêt et l’objectif est de dénicher le moyen d’en sortir. Quand c’est un succès, le défi permet notamment de révéler aux gens quel type de leader ils sont.
Ce qu’elle a découvert dans le cadre de cette expérience, c’est qu’elle pouvait diriger différemment. Différente de ses collègues masculins, qui ont tendance à affirmer leur force, alors que pour rallier les troupes, elle est plus du style à écouter, à poser des questions, à aider les autres à se mettre en valeur.
Cette prise de conscience m’a libérée. J’ai découvert que je pouvais être une leader complètement différente du stéréotype véhiculé dans ma boîte, et être encore une leader.
Autrement dit, il y a autant de leadership qu’il y a de leaders. Voilà l’un des apprentissages qu’Anne Bioulac souhaite transmettre aux participantes qu’elle accompagne à travers le Défi 100 jours. «Il existe une panoplie de modèles. À chaque femme de trouver sa propre recette», conclut-elle.
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