Le droit à la déconnexion : 5 endroits desquels s’inspirer

Le droit à la déconnexion : 5 endroits desquels s’inspirer

Une tête reposée est plus créative qu’un esprit qui a passé le souper à répondre à des courriels. Un vrai temps d’arrêt, ça stimule, ça donne des idées et ça rend plus productive. Alors pourquoi est-ce si difficile à mettre en pratique? Pourquoi la ligne entre vie personnelle et professionnelle est-elle parfois si mince?

Depuis la généralisation du télétravail, la formalisation du droit à la déconnexion gagne en popularité dans le monde. On fait référence ici au droit de mettre votre emploi de côté à 100 % après le travail : pas de courriels, pas d’appels Teams, pas de textos. Lorsqu’une journée se termine, elle se termine réellement.  

Un message par-ci par-là ne fait peut-être pas de dégât, mais l’accumulation de ces moments connectés au boulot pèse sur le mental. L’un des risques? Un épuisement professionnel causé par une fatigue et un stress excessifs. Ainsi, l’importance de déconnecter de vos responsabilités ne doit pas être prise à la légère.

Comment changer la donne et protéger votre énergie et celle de votre équipe? Certaines entreprises ont déjà des règles à ce sujet. De leur côté, plusieurs pays ont adopté des lois pour assurer un droit à la déconnexion sur le marché du travail. Comment peut-on s’en inspirer pour élever nos vacances au niveau supérieur? 

Survol de cinq endroits où le droit à la déconnexion est protégé.

1. France : pays pionnier en la matière

Pionnière s’il en est une, la France n’a pas attendu que le travail hybride soit à la mode avant de légiférer sur la question. L’ajout du droit à la déconnexion à son code du travail en 2017 était une première mondiale.  

Les enjeux d’hyperconnectivité commençaient à peine à faire couler de l’encre que le gouvernement français défendait la conciliation travail et vie personnelle de sa population en obligeant les entreprises de plus de 50 personnes à appliquer des mesures pour respecter les pauses et congés.

Sans règles strictes, la loi a toutefois laissé un flou que les gens interprètent à leur guise. Malgré cela, la France reste celle qui a ouvert la conversation sur le droit à la déconnexion.  

2. Portugal : l’endroit le plus strict

Au Portugal, on a misé sur une approche plus sévère pour veiller à la vie personnelle de la population active: il est illégal pour un employeur de contacter son équipe hors des heures de travail. 

Puisque la loi est entrée en vigueur en 2021, on peut présumer que la pandémie a joué un rôle dans les débats. Et pour inciter les entreprises à respecter les règles, le gouvernement y a intégré des sanctions. L’amende pour ce qui est considéré comme une «infraction administrative grave» peut s’élever à 9 600 euros (12 500 dollars canadiens environ).

3. Espagne : une politique qui touche toutes les entreprises

À l’instar de la France, l’Espagne protège le droit à la déconnexion avec une loi axée sur les politiques en milieu de travail. Depuis 2018, les employeurs sont tenus d’avoir une charte ou une convention collective abordant le respect des congés.

La particularité de cette loi est qu’elle s’applique à toutes les entreprises, peu importe leur taille. Récemment, le gouvernement a même adopté un décret pour répondre aux nouveaux enjeux du travail à distance. Une entente employé-employeur avec une section sur le droit à la déconnexion est désormais obligatoire.

4. Italie : pays de consensus entre employeur et employé.e.s

En Italie, on parle d’accords individuels entre chaque personne et son employeur. L’un des éléments à y inclure concerne les mesures permettant «une déconnexion des outils numériques professionnels». 

En 2017, lorsqu’elle a vu le jour, la loi ne protégeait que les travailleur.e.s en mode hybride, ces précurseurs qu’on appelait alors les smart workers. Quelques années plus tard, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de s’adapter et d’élargir sa définition du télétravail.

5. Ontario : l’exemple au Canada

Et au Canada? L’Ontario fait figure d’exemple avec ses nouvelles exigences en matière de droit à la déconnexion. Depuis peu, les entreprises de plus de 25 personnes doivent avoir une politique écrite sur la déconnexion du travail.

Déjà, des spécialistes soulignent que cette avancée est moins significative qu’on le croit, notamment en raison de son manque de clarté et de l’absence de sanctions. D’autres pensent que ce geste du gouvernement ontarien illustre un changement de mentalité.

Les compagnies ontariennes avaient jusqu’à juin 2022 pour rédiger leur politique. Il nous faudra donc attendre les prochaines années avant de pouvoir réellement constater ces nouvelles exigences de déconnexion.

Comme nous avons pu le voir, les approches sont diverses, mais l’intention reste la même: renforcer et protéger la frontière entre travail et vie personnelle. On peut toutes faire valoir notre droit à la déconnexion, mais le respect des heures de repos et des vacances reste un effort collectif. Les entreprises gagneraient à s’inspirer encore plus des lois et politiques existantes pour veiller au bien-être à long terme des membres de leur équipe.

Alors, quand est-ce que nous nous déconnectons? 

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Portrait de Carol-Anne Massé

Carol-Anne Massé

Autrice

Carol-Anne Massé est une rédactrice et réviseure pétillante passionnée de grammaire et de communication inclusive. Son passé de pâtissière l’inspire au clavier, où elle multiplie les mandats en marketing alimentaire. Comme travailleuse autonome, elle choisit des collaborations engagées et des partenariats empreints de bienveillance.