Pourquoi les femmes ambitieuses veulent vous quitter
Les freins actuels à l’ambition
Après la pandémie, les femmes sont au zénith de leur ambition, désireuses d’atteindre leur plein potentiel, avides de nouveaux savoirs et défis. Seulement voilà, malgré une plus grande conscience de l’existence des biais inconscients envers les femmes, les obstacles demeurent.
D’un côté, il y a les freins internes, individuels. Les femmes citent comme premier obstacle à la réalisation de leurs objectifs professionnels le manque de confiance en elles, et ensuite les obligations familiales qui ont une incidence sur les choix professionnels. La bonne nouvelle? Les sondages réalisés par L’effet A entre 2016 et 2022 révèlent que les femmes ont en général gagné en confiance en elles, qu’elles craignent moins de prendre des risques, et qu’elles se sentent fortes de leurs compétences.
J’ai réalisé que j’étais ma propre ennemie. C’est moi qui me mettais mes barrières… L’effet A m’a permis de le réaliser et de m’assumer totalement.
Mélanie Lavoie, Vice-présidente principale, Talent & culture, VOSKER
Si on observe une diminution des freins individuels, rien ne bouge sur le plan des obstacles organisationnels. Le manque d’opportunités de carrière arrive encore en tête de liste, suivi par le manque de soutien de son supérieur, puis le manque d’incitatifs dans l’entreprise et la culture corporative masculine de l’entreprise.
Pour s’épanouir, l’ambition féminine a besoin d’une réelle égalité des chances, de plus de parité dans les sphères décisionnelles. Sans cela, les femmes ambitieuses sont tentées de regarder ailleurs. Alors comment faire bouger les lignes avant qu’il ne soit trop tard ?
L’exode des cerveaux ambitieux
7 Canadiennes sur 10 ont considéré quitter leur emploi dans la dernière année, contre une personne sur 10 dans la population canadienne en général, selon Statistiques Canada en août 2022. Alors pour quelles raisons les femmes, en particulier celles qui se disent ambitieuses, veulent-elles quitter leur poste et leur organisation ?
Pour chaque directrice qui est promue à un niveau hiérarchique supérieur, deux autres directrices choisissent de quitter leur entreprise.
La première raison citée dans l’étude L’effet A et The Globe and Mail, est qu’elles ne se sentent pas rémunérées à leur juste valeur. Étonnant quand on constate qu’elles ne sont pas particulièrement proactives pour négocier leur rémunération : seulement 34% des femmes interrogées ont demandé une augmentation dans les 12 derniers mois! De multiples raisons expliquent ce qui peut avoir l’air d’une contradiction. Du conditionnement qui rend le sujet tabou chez les jeunes filles, en passant par les biais inconscients, les femmes négocient moins leur salaire et sont plus promptes à accepter une première offre, mais à quel prix?
La seconde raison cité par les canadiennes est qu’elles ressentent aussi encore fortement le déséquilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, et se sentent écrasées par la charge de travail. Malgré une répartition des tâches à la maison qui s’est un peu améliorée pendant la pandémie, il reste du chemin à parcourir.
Enfin, en troisième position, elles considèrent que pour pouvoir obtenir une promotion ou une augmentation de salaire, elles doivent quitter leur entreprise. C’est particulièrement inquiétant pour vous dans le contexte de pénurie de talents. D’autres raisons importantes de quitter son emploi selon notre sondage : les femmes ambitieuses trouvent qu’il est difficile de travailler avec leur supérieur ou si ce supérieur ne répond pas à leurs attentes.
Le World Economic Forum a déclaré dans son rapport annuel 2022 qu’au rythme où vont les choses, il faudra 132 ans pour atteindre la parité totale : la pandémie a fait perdre plus de 32 ans à l’atteinte de la parité! Certains voient cependant la pandémie comme une occasion de renouveler les façons de travailler, de mettre à jour certaines valeurs d’entreprise et surtout, de repenser une expérience employé plus inclusive.
Repensez le développement des talents pour mieux les retenir
Une étude mondiale menée par la firme américaine de consultation en gestion McKinsey, révèle que les entreprises où plus de femmes occupent des postes de direction ont 25% plus de chance de générer des bénéfices supérieurs à la moyenne.
L’ambition propulse les talents à des niveaux supérieurs. Bien soutenue, c’est un moteur de performance, qui favorise une plus grande diversité, un meilleur taux d’engagement des équipes et des femmes ambitieuses elles-mêmes. L’ambition permet une plus grande capacité d’innovation et de prise de risque, une meilleure collaboration et rétention des talents (étude L’effet A – Léger 2020). Une énergie irrésistible et un puissant levier de croissance par l’action.
Ne pas soutenir clairement l’ambition des femmes, c’est prendre le risque de se priver de leurs talents. Alors que comptez-vous faire pour créer les conditions nécessaires à stimuler ces talents?
L’ambition nous donne la force nécessaire et indispensable à notre développement professionnel et personnel. Elle sera constructive et perçue comme telle si, et seulement si, elle contribue au développement des autres, dans leur intérêt et celui de l’entreprise.
Cécile Dussart, vice-présidente opération chez Galderma et leader de L’effet A Suisse
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Article en collaboration avec Myriam Jézéquel.