10 lectures signées par des femmes d’exception
Quand les femmes se racontent et qu’elles sont les héroïnes de leurs propres histoires, c’est tout un panorama de vies qui s’offre à nous comme lectrices. Par l’entremise de récits, de romans autobiographiques, d’autofiction ou encore de poèmes, ces autrices puisent dans leur réalité pour créer des œuvres aussi singulières qu’elles.
Ces dix suggestions de lectures se veulent une invitation à la découverte de territoires, d’expériences et d’existences de femmes.
Là où je me terre
Caroline Dawson, Remue-Ménage, 2020
Fuyant la dictature de Pinochet, la petite Caroline et sa famille atterrissent à Montréal à Noël au milieu des années 80. Découvrant la neige en même temps que les mots pour la décrire, la narratrice relate ces moments d’adaptation et d’apprentissage — comme la classe de francisation — avec une simplicité bouleversante. Une histoire d’immigration et d’identité complexe, lucide et lumineuse.
Valide
Chris Bergeron, XYZ, 2021
Présenté comme un «roman autobiographique de science-fiction», Chris Bergeron se projette en 2045, dans une dystopie cauchemardesque où une intelligence artificielle nommée David contrôle la population et impose la conformité. Chris réussit à isoler David du réseau principal, puis confronte la machine afin de se révéler telle qu’elle est : «Alors voilà: je suis trans. Comme dans transgression. J’ai cassé les genres, je me suis soustraite aux codes.» Une déclaration à l’image de cette œuvre hors format captivante.
On pleure pas au bingo
Dawn Dumont, Hannenorak, 2019
Originaire de la Saskatchewan, Dawn Dumont est humoriste et actrice en plus d’être autrice. Déjà, le titre annonce le ton de ce premier roman consacré à ses souvenirs d’adolescence, passée au sein de la réserve de la Première Nation Okanese, située au nord-est de Regina. Entre la tendresse et l’autodérision, les tribulations de cette jeune femme autochtone en quête d’indépendance possèdent ce petit quelque chose d’universel qui nous renvoie à notre propre jeunesse. Franchement drôle et loin des clichés.
La vie sans fards
Maryse Condé, Pocket, 2014
On connaît la Guadeloupéenne Maryse Condé pour son œuvre magistrale, maintes fois primée. Dans La vie sans fards, elle se penche, avec une honnêteté déconcertante, sur ce qui l’a construite comme écrivaine et comme femme. Chronique de ses années en France, en Côte-d’Ivoire, en Guinée et au Ghana, ce roman relate ses observations sur les situations géopolitiques, sociales et culturelles qui se joignent à sa quête de bonheur et de liberté.
Fun Home: une tragicomédie familiale
Alison Bechdel, Points, 2014
Classique incontournable du roman graphique, Fun Home explore les dédales d’une relation père-fille empreinte de non-dits et d’émotions enfouies. L’Américaine Alison Bechdel propose un récit autobiographique dense et recherché, truffé de références littéraires et artistiques. Donnant corps aux questions et aux prises de conscience liées à l’orientation sexuelle et au genre, cette «tragicomédie familiale» se déroule notamment dans… un salon funéraire.
Cartographie de l’amour décolonial
Leanne Betasamosake Simpson, Mémoire d’encrier, 2018
Décrite comme «l’une des figures de proue du mouvement de la résurgence autochtone au Canada», Leanne Betasamosake Simpson présente une série d’histoires pour penser la vie, l’amour et l’intimité en dehors des rapports de force habituels. Observant les traumatismes présents et passés des Premières Nations, elle nous amène dans un voyage pancanadien qui ouvre les yeux et le cœur.
La femme cent couleurs
Lorrie Jean-Louis, Mémoire d’encrier, 2020
Plusieurs récompenses littéraires soulignent la maturité et l’actualité de ce premier recueil de poèmes de la Montréalaise Lorrie Jean-Louis. Femme noire d’origine haïtienne, elle s’interroge sur les mots qu’on emploie pour se définir, ceux de la race et du genre: «La femme cent couleurs est venue m’habiter et il était clair qu’il fallait que je comprenne que c’était tout, CENT ou rien, SANS. Si on ne me les donne pas toutes, je n’en veux aucune.»
La fille d’elle-même
Gabrielle Boulianne-Tremblay, Marchand de feuilles 2021
Comment c’est, se donner naissance à soi-même? Dans cette autofiction, on assiste à la laborieuse «mise au monde» d’une petite fille assignée garçon à la naissance. Gabrielle Boulianne-Tremblay campe son histoire dans un village que la narratrice devra quitter pour enfin s’épanouir. Un appel à l’empathie et à être soi, sous une plume d’une grande beauté.
Mon port de Beyrouth: c’est une malédiction ton pauvre pays!
Lamia Ziadé, Pol, 2021
Illustratrice et artiste habitant à Paris, Lamia Ziadé s’inspire grandement de son Liban natal et du monde arabe pour créer ses livres. Cette fois, sous le choc de la terrible tragédie de l’explosion du port de Beyrouth, elle a écrit et dessiné le journal des événements pour canaliser sa peine et sa colère. Navigant entre son histoire personnelle et celle des conflits qui ont secoué le pays depuis les années 60, elle offre un hommage poignant à ses compatriotes.
Shuni
Naomi Fontaine, Mémoire d’encrier, 2019
Shuni, c’est une jeune Blanche venue aider la communauté innue de Naomi Fontaine, Uashat, non loin de Sept-Îles. L’autrice lui adresse une longue lettre pour qu’elle apprenne à connaître sa nation et les individus qui la peuplent, au-delà des statistiques et des idées reçues. Une lecture essentielle pour s’imprégner de cette culture, portée par l’écriture douce et magnifique de Naomi Fontaine.
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