Édito – Ce biais qui décide de la valeur de vos consoeurs

Édito – Ce biais qui décide de la valeur de vos consoeurs

L’édito

Les yeux remplis d’étoiles sous ses lunettes aux verres roses, elle sort de sa décapotable. Après un long voyage — et un exigeant processus d’admission —, elle arrive enfin dans cet endroit quasi mythique : la faculté de droit de l’université Harvard. «Hé Malibu Barbie!», lance-t-on d’une fenêtre. Avec son tailleur fuchsia, elle détonne sur le campus. Faisant fi des regards méprisants, elle poursuit son chemin la tête haute et son chihuahua sous le bras.

Blonde et légale, vous vous souvenez? Vingt ans après sa sortie, le film occupe une place particulière dans la culture populaire, mais aussi le cœur de nombreuses féministes. Le parcours semé d’embûches d’Elle Woods, pétillante Californienne ne refusant aucun défi, s’avère être un conte moderne sur l’empowerment et la solidarité féminine. C’est aussi une étude de cas fascinante sur l’un des freins les plus sournois à l’ambition et au développement professionnel des femmes : les biais inconscients.

«Un biais inconscient est une idée erronée qu’on se fait d’une personne en fonction de caractéristiques faciles à observer comme l’âge, le poids, la couleur de la peau ou le sexe. Il est fabriqué par les valeurs de la société dans laquelle on vit ou de l’environnement dans lequel on a grandi», vulgarise-t-on dans cette vidéo.

S’ils sont inconscients, c’est qu’ils sont le résultat de raccourcis que notre cerveau développe pour trier l’information et cerner la réalité de manière plus efficiente. Processus super pratique, mais qui est loin d’être parfait! Car «dans bien des cas, ils nous conduisent à prendre des décisions qui manquent d’objectivité et d’impartialité», explique-t-on dans ce document. C’est ce qui nous pousse, par exemple, à prêter des traits de caractère — ou des capacités intellectuelles — à une personne… en se fiant seulement à la couleur de sa chevelure.

Si vous ne jugez pas les blondes, peut-être avez-vous certaines idées implicites sur ce qui fait une bonne collègue ou gestionnaire. Si «vous attendez d’un patron qu’il soit rigoureux et sûr de lui, mais d’une dirigeante qu’elle soit plutôt empathique et collaborative», comme on l’explique dans cet article de L’effet A, c’est que vous avez des biais qui brouillent votre jugement et vous mettent à risque, sans le vouloir, de discriminer les professionnelles qui nous entourent.

Selon le Gender Social Norms Index des Nations Unies, 90 % de la population mondiale — hommes et femmes — ont des biais sexistes, notamment que les hommes font de meilleurs leaders politiques et dirigeants d’entreprise. Résultat : moins d’embauche, de promotion et même de présence des femmes, dans les sphères décisionnelles. À la longue, l’impact sur l’égalité des chances est considérable.

Pour neutraliser les effets pervers de ces biais inconscients, il faut les faire passer du côté conscient. Se questionner davantage sur nos perceptions et appréhensions, apprivoiser les différences, comprendre l’influence de certaines idées reçues sur nos décisions. S’arrêter aux premières impressions ne nous permet pas d’apprécier les forces distinctives de chacune, nous privant de contribution unique… et parfois surprenante!

Dans le film, hommes et femmes ont sous-estimé les capacités d’Elle Woods et lui ont rendu la vie difficile à cause de son apparence, sa gentillesse et sa passion pour la mode, aux antipodes de l’idée (clichée) qu’on se fait d’une future avocate.

À vous qui lisez cette infolettre, ne laissez pas un raccourci décider de la valeur de vos consœurs ni de vous-même d’ailleurs. Nous en sortirons toutes gagnantes!

L’équipe de L’effet A

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Marianne Prairie

Autrice

Productrice, réalisatrice et autrice, Marianne Prairie explore tout le panorama du monde médiatique et interactif depuis plus de 15 ans. Fièrement féministe, son engagement social s’exprime à travers ses projets créatifs et ses multiples collaborations.